USA. The road, mile after mile…

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(suite) Les Chutes du Niagara, ou plutôt les trois chutes, sont sans doute parmi les lieux les plus connus au monde. Les chutes du côté canadien sont de loin les plus spectaculaires. En forme de fer à cheval, on peut s’en approcher très près, aussi bien à l’endroit où l’eau de la rivière tombe - de 52 mètres exactement - ou celui où elle se réceptionne dans un bruit étourdissant et créant une épaisse brume. Ce lieu devenu rapidement touristique a nourri l’imagination du public, notamment avec les exploits de ceux qui ont osé le défier. De nombreux films l’ont mis en scène. Le plus connu, tourné en 1953, est signé par Henry Hathaway. On y voit Marilyn Monroe projeter de pousser son mari dont elle ne supporte plus la jalousie, dans les chutes...



- Saut de Niagara, entre le Lac Ontario et le Lac Erié, Louis Hennepin, 1698 -


Denise et moi restons un moment, enivrés des vapeurs odorantes qui montent jusqu’au belvédère d’observation. Mais il est temps de partir. Le temps change et il commence à pleuvoir. Nous avons rendez-vous dans une banlieue éloignée, à l’ouest de Toronto. Pour y retrouver un homme qui porte le nom d’un des pionniers de la téléphonie… Je m’attends à y être bien accueilli sachant que j’avais risqué ma vie pour sauver la sienne dans les rouleaux de l’océan Pacifique, à Pie della Cuesta, près d’Acapulco. Ce jour-là, la mer s’était brusquement déchaînée et un puissant reflux rendait le retour sur la plage périlleux pour des nageurs peu habitués à ce scénario… Nous arrivons, complètement trempés, devant une maison cossue. Un panneau annonce sa candidature à un poste de député fédéral. Et justement, une réunion politique, style tupperware, est en train de s’y dérouler. Nous ne nous démontons pas et nous sonnons. L’accueil est chaleureux. Il nous présente à l’assistance et nous met à l’aise. Sa femme nous installe dans des chambres séparées car, elle assume que nous ne sommes pas mariés. Or, je le comprend vite, nous sommes chez des Conservateurs qui vont à la messe le dimanche et qui ont deux filles à qui il faut donner le bon exemple… Pour la petite histoire, la fille aînée qui finit des études d’infirmières, nous avouera plus tard qu’elle a hâte de prendre son... indépendance.

Nos hôtes nous font découvrir cette métropole multiculturelle qu’est Toronto. Un soir, nous sommes invité dans un restaurant perché au sommet d’un gratte-ciel. Nous y dégustons du homard et buvons du bon vin, tandis que joue un orchestre de country music… Pas vraiment notre ordinaire depuis ces dernières semaines. Nous sommes le deuxième lundi d’octobre et, c’est à cette date-là qu’on fête Thanksgiving au Canada. On la passe en famille et elle est sensée célébrer la fin des moissons. Sur la table, la traditionnelle dinde, arrosée de sauce à la canneberge paye son écot... 

Nous quittons nos amis pour rejoindre Mike et sa compagne Janet dans le nord de la ville. Sur le chemin, nous nous arrêtons au Centre des Sciences de l’Ontario qu’on nous a recommandé de visiter. En effet, ça vaut le coup. Sans parler de son architecture novatrice, c’est surtout son approche ludique et interactive qui fait sa réelle originalité. On y apprend en touchant, en expérimentant, en jouant et on rend ainsi les sciences accessibles et non rébarbatives comme s’est trop souvent le cas dans le contexte des études scolaires. Quant aux musées scientifiques plus traditionnels, ils sont souvent tout simplement… ennuyeux.

Nous rejoignons nos amis dans leur petite ferme au nord de Toronto. Ils y cultivent des céréales mais pas que, nous le découvrirons plus tard… Mike, une force de la nature, gagne sa vie en inventant et en expérimentant de nouveaux modèles de Deltaplane. Nous l’avions rencontré dans la baie d’Acapulco où il faisait une démonstration de ski nautique « pieds nus ». Son amie, Janet, finit des études de théâtre et joue déjà dans une troupe. Ils nous invitent à passer un week-end dans un chalet qu’ils louent à l’année dans le Parc provincial Alconquin, à 170 miles de là. Immense territoire couvert de forêts épaisses, de lacs, de tourbières. Mike veut essayer la moto et part vers cette destination avec Denise tandis que je fais le voyage avec Janet en voiture. Nous nous laissons aller à quelques confidence sur notre vie sentimentale respective, sachant bien qu’au fond, nous ne nous reverrons sans doute jamais. Elle, s’inquiète de la pérennité de leur relation. Elle rêve d’une carrière d’artiste, lui de nature et de défis physiques hors du commun. 

- Elle : Que c’est compliqué !
- Moi : Qui a dit que les relations hommes femmes étaient simples ?

Le parc est incroyable et la richesse de la biodiversité est rassurante quant à la santé écologique du site. Nos hôtes nous montrent un Mésangeai du Canada qui est un peu l’emblème du parc. Mais il y a aussi des Bruants, des Geais bleu, des gélinottes huppés, des pics, aussi des rapaces et bien sûr de nombreux membres de la grande famille des oiseaux aquatiques qui sont ici au paradis. Les feuillus ont pour la plupart perdu leurs superbes teintes orangés, l’été indien est derrière eux. Reste que les journées sont toujours aussi douces et nous font provisoirement oublier les jours de neige, de pluie et de brouillard.

Chacun retrouve son partenaire et son destin, dont les pages sont déjà écrites dans le livre de l’avenir. Nous piquons encore une fois vers l’Est et longeons la rivière Outaouais jusqu’à la capitale du Canada. Ottawa est une ville propre sur elle, une petite Suisse peuplée de fonctionnaires et de leurs familles. Plusieurs musées nationaux se disputent notre attention. La rivière marque la frontière avec le Québec. Nous la franchissons à la tombée du jour. Sur cette rive gauche se trouve Hull, ville francophone qui joue le rôle de cité-dortoir pour sa capitale de voisine… Je n’ai aucun souvenir de la façon nous nous avons rencontré cet habitant, concierge ou gérant d’un immeuble en développement qui nous ouvre un des appartements témoins pour la nuit. Merci !

Premiers miles sur les routes de la province de Québec qui adoptera le système métrique à reculons. Ce n’est en effet qu’à  l'automne 1977 que les panneaux routiers s’afficheront en kilomètres, puis, en 1979 que les stations-service commenceront à vendre l’essence au litre plutôt qu’au gallon qui, au Canada, se veut impérial. Le prix des carburants est étonnamment bas, ce qui est une bonne nouvelle, car la mauvaise c’est que, pour une fois, c’est le dollar canadien qui vaut un plus que le dollar américain. Le pompiste accepte néanmoins nos billets verts mais applique une… pénalité.

(à suivre : Montréal capitale économique du Québec, Halloween une fête déroutante, le pont Champlain local Golden Bridge...)



- nord de Toronto -


- fumoir artisanal (boucanerie) à viandes et poissons, Ontario -