Les Français et la chasse : je t'aime,moi non plus...

La part des Français se déclarant opposés à la chasse atteint le plus haut niveau jamais observé (53 %), soit une hausse de cinq points en un an. Pour la première fois, une majorité de personnes vivant dans les zones rurales se disent opposées à la chasse.


- la chasse comme loisir sportif a-t-elle encore du sens ? -


La chasse est toujours perçue par une très grande majorité de répondants (89 %, +2 points) comme posant des problèmes de sécurité pour les promeneurs lors de balades dans la nature, 58 % étant même tout à fait d’accord avec cette idée.

Ce problème de sécurité a été vécu concrètement par un grand nombre de Français. 74 % d’entre eux déclarent ainsi avoir déjà été inquiets de la possible présence de chasseurs lorsqu’ils se promenaient en forêt, et 73 % avoir déjà évité de se promener en forêt ou dans certaines zones par peur d’un accident de chasse. L’expérience de cette inquiétude est encore plus forte pour les personnes résidant près d’une zone de chasse (respectivement 81 % et 80 %, une proportion en hausse par rapport à 2022).

Dans le même temps, la chasse n’est pas considérée comme un loisir comme un autre (64 % considèrent que ce n’est pas le cas) et sept Français sur dix l’associent à une pratique cruelle (+5 points en un an). Cette perception négative est plus souvent partagée par les femmes, mais une majorité claire des hommes considèrent également la chasse comme posant des problèmes de sécurité et comme une pratique cruelle. On observe en revanche peu de différences entre les habitants des communes rurales et des communes urbaines.

La chasse représente également un risque pour l’environnement. Pour 82 % des Français, la quantité de plomb et de plastique générée par les tirs des chasseurs est une menace importante pour la nature, 39 % estimant même qu’il s’agit d’une menace très importante. Les plus jeunes se montrent particulièrement sensibles à ce sujet : 89 % des moins de 35 ans estiment que c’est une menace importante, contre 75 % des 60 ans et plus.

Si les Français ont une perception négative de la chasse, ils adhèrent toujours à certains arguments en sa faveur. En premier lieu, ils considèrent qu’elle peut avoir un rôle utile : 66 % estiment qu’elle permet de gérer les populations animales, et 60 % qu’elle permet de limiter les « dégâts » causés par la faune sauvage.

Les personnes résidant dans des zones rurales ont davantage tendance à trouver un rôle utile à la chasse : 72 % d’entre elles considèrent qu’elle permet de gérer les populations animales (contre 64 % des personnes vivant dans une zone urbaine) et 67 % qu’elle permet de limiter les « dégâts » causés par la faune sauvage (contre 58 %).

Au-delà de cet aspect utilitaire, la chasse est associée au mode de vie rural par 62 % des Français, sans grande différence de perception entre urbains et ruraux : les personnes résidant dans les zones rurales sont 65 % à partager cette idée, contre 61 % de celles résidant dans des zones urbaines.

La mesure visant à un meilleur encadrement de la pratique la plus plébiscitée est l’instauration d’une visite médicale annuelle, avec contrôle de la vue, pour le permis de chasse (93 % sont pour, dont 72 % tout à fait pour), devant l’interdiction de la chasse en enclos (92 %, dont 79 % tout à fait pour) et l’interdiction de la chasse dans les espaces protégés (91 %, dont 70 % tout à fait pour). Concernant ces trois éléments, on constate une hausse de l’approbation (respectivement +1, +13 et +3 points par rapport à 2022).

Autre mesure qui suscite l’approbation d’une grande majorité de Français, l’interdiction de chasser ou piéger deux jours par semaine et durant l’intégralité des vacances scolaires (85 % sont pour, soit une hausse de quatre points, dont 59 % tout à fait pour).

L’interdiction de la chasse à courre est également soutenue par une grande majorité de répondants (83 %, dont 61 % qui sont tout à fait pour), tout comme l’interdiction de chasser des animaux à l’intérieur de leur terrier (84 %, dont 57 % tout à fait pour) ou d’élever des animaux destinés à être relâchés pour la chasse (78 %, dont 54 % tout à fait pour).

L’interdiction des dérogations permettant des tirs létaux sur les loups ou des tirs d’effarouchement sur les ours est approuvée par une majorité de répondants (respectivement 70 % et 64 %), mais dans les deux cas seule une minorité de répondants se déclarent tout à fait pour (43 % et 37 %).

Au-delà de ces différentes mesures, une grande majorité de Français sont d’accord avec le principe d’interdire la chasse dans les régions ayant souffert de la sécheresse cet été (87 % sont d’accord, dont 53 % qui se déclarent tout à fait d’accord). Les habitants des zones rurales, s’ils sont majoritairement pour, se montrent moins favorables à cette interdiction que les habitants des zones urbaines (81 % contre 89 %).