Yoga et Sports. 8 – Conseils d’un philosophe…

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Catégorie Geste et pensée...

(suite)


- New-York, décembre 1973 -


« Comme le maître d’escrime enseigne aux apprentis qui ne le croient pas que le vrai moyen de frapper vite n’est pas de se tendre mais de se détendre ; comme le maître de violon qui enseigne à l’apprenti qui ne le croit pas que la main ne doit pas serrer l’archer, si l’on veut le conduire, étendre et élargir le son ; ainsi je veux enseigner à l’apprenti de n’importe quel savoir qu’il ne doit point se raidir, ni s’étrangler par les signes de l’attention et le désir. Il ne me croira pas, et le maître non plus, lui qui serre la gorge, élève la voix et bientôt crie dès qu’il veut former une idée. C’est que ce n’est pas une petite science, ni facile que de vouloir et que presque tous commencent par serrer les dents. »

Alain (Emile Chartier), Les Idées et les sages, 1927

Le philosophe, nous rappelle ici une des règles fondamentales si souvent négligées : le geste juste est le geste le plus économique, celui qui passe par une ligne de moindre résistance, et c’est cela que doit faire comprendre l’enseignant à son élève. Face au geste de yoga proposé (l’asana), ce dernier se trouve confronté avec son désir de dépassement, au prix s’il le faut de la souffrance. Or ici, il est plutôt question d’écoute, de non-violence avec soi-même. Cela peut sembler en contradiction avec des objectifs de performances et de réussites. Pourtant c’est une attitude, un choix qui se révèle efficace. Il ne faut pas confondre quantité et qualité, agitation et action vraie. Par ailleurs, toute économie d’énergie est bonne à prendre sachant qu’elle n’est pas inépuisable et qu’elle sera utile le moment venue.