Pierre Fauroux, architecte de renom et… nageur.

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Sa sœur, Marie-Claude vient d’annoncer la nouvelle, l’ami Pierre vient de s’éteindre après une longue et douloureuse maladie.


- Luigi Snozzi et Pierre Fauroux, le Thoronet  -

Certains se rappelleront de lui comme étant un des grands architectes français de sa génération. Sa présence élogieuse dans le dictionnaire de l’architecture du XXe  siècle le confirme. Tout comme ses plans de la Mairie-Église de Valbonne exposés au Centre Pompidou puis à la Biennale de Venise témoignent des formes de son génie. Diplômé de l'École polytechnique fédérale de Zurich, Pierre Fauroux a fondé son agence à Cannes en 1976. Suivront une série de réalisations qui illustrent son originalité. Une singularité basée sur l’utilisation remarquable du béton brut, du verre et de l’acier. On lui connaît entre autres, le bâtiment de Micromania à Sophia Antipolis, racheté et transformé pour le compte de Mercedes Benz. 

Audacieuses, ses réalisations ne laissent pas indifférents et suscitent parfois étonnement et incompréhension. Comme à Mouans-Sartoux où le mur de béton de l’école surprend. A Valbonne où l’association d’un lieu public et d’un lieu sacré, dérange. A Cannes-La Bocca, il signe le Lycée professionnel Hutinel. Là-aussi, il fait preuve d’intrépidité et de singularité. 

Après quasi quarante ans de carrière, il développera ensuite ses idées devant les élèves de l’École na­tio­­nale supérieure d’Archi­tec­ture de Marseille. Ce qui ne l’empêchera pas de travailler sur d’autres projets publics et privés, notamment la création de villas particulières. C’est dans ce domaine qu’il a aussi développé ses principes fondamentaux, comme pour la maison Lienart à Vinay, en Isère, récompensée par le Prix Archinovo en 2003. Une maison au toit horizontal, dont un long mur en béton brut ceinture la parcelle. Ses deux vastes blocs rectangulaires, s’appuient la piscine et la maison, mêlant une fois de plus ses matériaux favoris.

Ceux qui l’ont fréquenté connaissent sa personnalité, conviviale au possible. Plein d’humour, joyeux, son caractère bohème, fantasque, cachait sa sensibilité d’artiste. Quant à son exigence et son professionnalisme lorsqu’il acceptait un projet, ils étaient sans partage. 

Bon régatier et bon skieur, la natation était son sport favori. Il nage à Cannes, à Grasse et participera même aux Chts de France en relais pour le compte du Cercle de Nageurs de Paris… C’était un nageur de papillon, à une époque où cette nage en décourageait beaucoup… Un choix qui exprimait bien une partie de son tempérament, son côté volontaire, capable d’affronter les difficultés le sourire aux lèvres… Un sourire et un regard franc et lumineux que je n’oublierai pas. 

Nous avons apprécié sa compagnie. Jusqu’au bout, il a fait preuve de courage, d’optimisme. Comment ne pas le regretter ? Je salue ici ses proches, sa sœur, première femme à avoir fait la transat en solo et son frère Jacques, de multiples fois champion du monde en voile… 


- Pierre Fauroux et A.D., piscine du Montfleury, Cannes, 1963 -