Covid-19 : les médecins libéraux de PACA dressent le bilan de la crise
et font des propositions...
Dans un livre blanc qu’elle publie, l’Union délivre son décryptage de la gestion de la crise sanitaire, entre les difficultés de coordination avec l’Agence Régionale de Santé, l’absence de coopération des centres hospitaliers avec la ville, et le manque de reconnaissance des initiatives des professionnels de santé libéraux.
Pour reconstruire d’urgence un système de santé plus agile, qui garantisse une prise en charge optimale et sans rupture de suivi à tous les Français, y compris en temps de crise, l’URPS Médecins Libéraux PACA énumère les failles et présente ses propositions. Ainsi, elle constate que la gestion des équipements de protection avec des approvisionnements fut tardive et inéquitable ; l’absence de soutien opérationnel au déploiement des centres Covid portés par les médecins libéraux ; pas de prise en compte des propositions émises par l’URPS ; pas de marge de manœuvre régionale pour l’application de la « doctrine » nationale.
* Elle propose donc d’organiser la décentralisation des ARS avec par exemple la Présidence du Conseil de Surveillance assurée par le Président du Conseil régional et la Nomination d’un conseiller médical à la médecine de ville pour le Directeur Général de l’agence.
La gestion de crise hospitalo-centrée a totalement désorganisé l’offre de soins sur le territoire. Ainsi, la centralisation des appels par le 15 a trop souvent mené à une prise en charge en milieu hospitalier, sans suivi possible pour le médecin traitant ; pendant la crise, les établissements privés ont été classés en 3e ligne pour accueillir des patients non Covid, ou Covid non inquiétants, sans pouvoir assurer leurs fonctions normales ; au moment de la reprise, de lourdes restrictions leur ont été imposées par crainte d’une pénurie de produits anesthésiques.
* Elle propose le pilotage du parcours de soins doit être confié au médecin traitant, au sein et avec les fonctionnalités de sa CPTS ou MSP, les parcours incluant les séjours à l’hôpital. La crise démontre la nécessité de favoriser le déploiement de l’exercice coordonné. Le modèle CPTS en est une forme. Les moyens existants pour son développement doivent être améliorés, avec notamment l’allègement des procédures administratives et l’augmentation des financements.
L’Union pointe l’autonomisation parfois complète de certains hôpitaux publics pendant la crise, qui n’ont jamais envisagé de coopération avec la médecine de ville concernant la prise en charge des patients « Covid » avec pour conséquence la rupture des retours d’informations vers le médecin traitant. En outre, l’IHU de Marseille par ses pratiques hors recommandations, a mis en difficultés les médecins de ville du département, mais n'en a jamais été inquiété.
* D’où l’intérêt de la création d’une Agence indépendante d’évaluation des politiques de santé pour permettre un recul indispensable.
Il apparaît aujourd’hui indispensable de repenser la complémentarité entre les différents acteurs de santé et cesser de les mettre en concurrence. La coordination entre professionnels de tous statuts doit être accélérée en permettant le décloisonnement des structures villes et hôpital. Pour autant, le « Ségur de la Santé », qui avait pour mission de permettre le partage des expériences de la crise et la construction d’une nouvelle organisation des soins, s’est totalement focalisé sur l’hôpital, au mépris du rôle et de la mobilisation des professionnels de santé libéraux, médecins, infirmiers, biologistes et pharmaciens.
* Les Unions Régionales des Professionnels de Santé n’ont pas été sollicitées pour participer aux concertations du Ségur. Le préalable à la réorganisation de l’organisation des soins est la nécessité urgente et absolue de s’affranchir de cette approche hospitalo-centrée, et de consulter les professionnels de santé de terrain, par la voix de leurs représentants élus.