Mer Méditerranée : une biodiversité en péril…

Les premiers masques individuels en caoutchouc datent du début des années 50 et avaient permis à tout un chacun de voir les beautés que recelaient les fonds marins, juste en mettant la tête sous l’eau. Jacques Cousteau, aidé de quelques techniciens, développa le scaphandre autonome et accéléra la connaissance des mers et des océans. Aujourd’hui, 70 ans après, on ne peut que constater la vitesse des transformations apportées par l’homme dans l’exploration et surtout l’exploitation, voire la surexploitation de la vie marine. Il ne fait plus aucun doute que cette exploitation amène son lot de pollution marine et à un impact très négatif sur la biodiversité marine jusqu’à mettre en danger les ressources.




Connaître, comprendre et conserver notre patrimoine naturel marin, c’est maintenir un potentiel énorme de services et de bienfaits pour l’humanité et préserver ses chances de survie. Les Nations Unies en ont d’ailleurs fait une priorité en proclamant la décennie des sciences océaniques pour le développement durable (2021-2030). Dans ce contexte, une équipe de scientifiques basée à Endoume près de Marseille a démarré un grand programme d’exploration de la biodiversité́ de la mer Méditerranée.



Porté par des scientifiques du CNRS, de l’Université Aix-Marseille, de l’IRD et de la Comex, X-Med a pour objectif de dresser un état des lieux et d’étudier les grands changements de la biodiversité́ survenus au cours du dernier siècle. A travers une approche interdisciplinaire, combinant histoire des grands naturalistes et exploration moderne de la biodiversité́ marine, il s’agit aussi de valoriser cet exceptionnel patrimoine naturel.


La Mare Nostrum représente moins de 1% de l’océan mondial mais abrite au moins 10% de la biodiversité́ marine de la planète. Cachées sous la mer, seul un tiers des espèces marines sont aujourd’hui connues. La biodiversité marine recèle encore de nombreux mystères qui pourraient être aussi de nouvelles sources d’émerveillement. Une multitude d’organismes vivants et de fonctions écosystémiques restent à découvrir : ressources alimentaires, potentiel biotechnologique, à l’instar des applications biomédicales ou encore de la détoxification de polluants. Au-delà des Fendservices rendus par la nature, la Mer Méditerranée accueille des prairies fleuries, des forêts insolites composées d’animaux… Des paysages d’une beauté inégalable à portée de main qu’il convient de préserver et de valoriser.


L’étape qui s’achève a permis de re-analyser les travaux des naturalistes marseillais A.F Marion de la fin du XIXe, ainsi que ceux de J.M. Pérès et J. Picard du début des années 1950. Au programme : mise à jour des inventaires de biodiversité de ces deux époques (701 espèces recensées à la fin du XIXe et 1675 espèces au milieu du XXe siècle), identification des sites à re-explorer, sélection des outils à déployer...




L’équipe est donc quasiment prête à embarquer à bord du Minibex, navire océanographique de La COMEX, afin d’explorer les premiers sites identifiés dans la rade de Marseille. Pour mener à bien cette mission, les membres d’X-Med, plongeurs scientifiques expérimentés, ayant conduit des explorations de la biodiversité marine dans tous les coins du monde, accompagnés d’un réseau de collaborateurs en France, autour de la Méditerranée et au-delà (Brésil, Russie, Etats-Unis...), se sont mis en quête de fonds auprès notamment de partenaires privés et de fondations. Les premiers échanges encourageants laissent espérer une réalisation à l’horizon 2020, au moment même où Marseille accueillera le Congrès Mondial de la Nature de l’IUCN.