La Méditerranée souffre en été

de son succès et de nos actes inconséquents...

Les poubelles ont beau fleurir le long de nos beaux rivages méditerranéens, rien n’y fait. Les estivants sont là, toujours plus nombreux et parmi eux, beaucoup manquent totalement d’esprit civique. Qui n’enfonce pas son mégot dans le sable quand ce n’est pas des emballages divers, jusqu’aux couches de bébés…

Bien sûr, je ne fais jamais ça, moi. C’est l’autre que je montre du doigt… Bien sûr, les plages sont nettoyées au petit matin, alors pourquoi tout ce tintouin ? Bien sûr, ni vu, ni connu… Bien sûr la capacité de la mer à se régénérer est immense…

Les exemples ne manquent pas de cette absence de conscience écologique, de conscience tout court, faudrait-il dire… Comme si nous ne savions pas que la planète n’est pas au mieux… Cet incivisme semble intégré à notre mode de vie et de pensée. Il existe aussi bien à la ville qu’à la campagne, à la mer aussi bien qu’en montagne où, jusque sur les plus hauts sommets du monde, nos déchets s’entassent.

Sur la mer, pourquoi se gêner, vidons nos cendriers et déversons nos poubelles, sans état d’âme … pas vu, pas pris comme ces gros pollueurs qui dégazent leurs soutes en toute illégalité. A Cannes et à Nice, on installe bien des « poubelles de mer » destinées aux plaisanciers incapables de ramener à terre leurs déchets. Mieux que rien sans doute mais goutte d’eau…de mer dans l’océan de l’incivilité et de l’inconscience. Nous savons que la mer est fragile, que la polluer engage l’avenir des générations futures mais, notre geste ne nous semble jamais conséquent. Qu’est-ce qu’un mégot de plus ou de moins, un emballage en plastique qui vole au vent, une bouteille…à la mer ?

Que faire ? Sévir ? Nos gouvernants, avec leurs armadas de lois, y songent mais n’osent. Le délinquant est trop souvent un touriste qu’il convient de ménager… Alors, éduquer ? On s’y emploie mais, force est de constater que les résultats, s’ils ne sont pas négligeables, sont médiocres et insuffisants.

Donnons la parole au poète qui, désabusé, témoigne de ce qu’il voit. Partageons avec lui son écœurement et buvons notre amertume jusqu’à la lie :

La mer est fatiguée
De dé-émulsionner
Toutes ces crèmes solaires
Qui la rendent pas claire

C’est une véritable poubelle
Capsules, bouteilles de Heineken
Plastiques, briquets, mégots
Paquets vides de Marlboro

Baigneurs, plaisanciers y font pipi caca
Le sable est souillé de charbons de bois
Enfin en ta bordure
Un long ruban d’hydrocarbures

Pauvre nostrum mare
Te voilà bien polluée
Tortues, rougets et autres coquillages
Désertent à présent tes rivages

Egouts, effluents et dégazages
De nous tu subis tous les outrages
Où sont tes golfes clairs et tes reflets d’argent
Célébrés jadis par un célèbre poète fou chantant

A nos enfants nous laisserons
Qu’un océan plein de goudron
Sans vie animale ni végétale
Juste un grand vide minéral.

Philéas, Cannes, septembre 2007

- mention : www.pariscotedazur.fr -
- contact, abonnement, désinscription -