Accidents de la route. La justice encore trop clémente vis-à-vis des chauffards ?

Dans son livre « Elles s'aimaient très fort », Nadia Karmel interpelle le Président de la République sur l'inacceptable clémence de la justice vis à vis des chauffards. Avocat spécialisé dans la défense des victimes, Maître Vincent Julé-Parade soutient cette démarche : « J'accompagne au quotidien des victimes d'accidents de la route, mes clients sont meurtris dans leur chair et leur cœur, dans les prétoires. Tout comme eux, je suis souvent stupéfait de la bienveillance dont font parfois l'objet certains responsables d'accidents de la circulation.



- démonstration de secours à victime par les pompiers de Paris et la Croix Rouge -



Il y a trois mois de cela, le Tribunal correctionnel d'Évry condamnait le responsable de la mort de mon client à une peine des plus symboliques de 18 mois de prison dont 6 avec sursis. Rien n'appelait pourtant à la clémence : il avait pris la fuite, laissant pour mort sur la chaussée un homme de 80 ans, il s'était attelé à masquer sa fuite notamment en ôtant la carte SIM de son portable, dissimulant son véhicule, avait envisagé avec sa femme de faire réparer en catimini le véhicule accidenté... Sans doute la fuite ne s'expliquait-elle que par la volonté de dissimuler un taux d'alcoolémie élevé à l'issue d'un repas au cours duquel auraient été consommé les deux bouteilles de vin... Comme ma cliente, cette peine m'a scandalisé. Comment justifier une telle indulgence alors que quelques semaines plus tôt, à Versailles, un homme avait été condamné à de la prison ferme pour avoir voler un sandwich ?

Je partage la stupeur de Nadia Karmel. A des peines lourdes, je préférerais sans doute des mandats de dépôt à l'audience. Si la justice osa le prononcer à l'encontre de Patrick Balkani, elle ne le prononce qu'exceptionnellement à l'encontre d'individus qui certes n'auraient pas détourné d'argent publique [NDLR : sa dernière condamnation ne concernait pas l’argent publique] mais qui ont ôté des vies humaines en raison d'un mépris total des règles de prudence sur la route.

Je partage aussi sa colère sur l'inadéquation de l'indemnisation des victimes de la route et la nécessité de responsabiliser les assureurs qui tentent sans cesse d'imposer une barémisation de la valeur de la vie humaine.

Surtout, je pense que la justice, pour être efficace, a besoin de moyens. Bien souvent, les victimes ont ce terrible sentiment d'être une seconde fois victimes, mais cette fois du système judiciaire. 

L'appel de cette maman doit être entendu par le Président de la République ! »