Histoires de stationnements interdits

et de leur traitement par les forces de l'ordre.

Il faisait beau et chaud, la circulation était dense et les trottoirs encombrés. C’était un bel après-midi de début d’automne. Je me dirigeais vers la place du Général de Gaulle, à Cannes, lorsqu’un attroupement attira mon attention. Le long du trottoir, à l‘extrémité d’un emplacement réservée aux taxis, une voiture immatriculée dans le département avait ses roues arrières soulevées par un véhicule de la fourrière. Mais, surprise, il y avait un occupant dans la voiture immobilisée qui, manifestement ne voulait pas descendre, sachant qu’on ne pouvait pas remorquer le véhicule tant qu’il s’y trouvait. Malgré les demandes des employés de la police municipale, il refusait de le faire.

Oh ! Rage, oh ! Désespoir, les policiers s’impatientaient. Bientôt deux véhicules se stationnèrent, suivis d’un troisième, celui de la police nationale appelée en renfort pour résoudre ce grave incident…Au moins six policiers se déployaient pour convaincre l’occupant de sortir. Qu’enfin on puisse enlever cette voiture et l’amener à la fourrière où son propriétaire n’aurait plus qu’à aller la chercher! Je n’avais pas le temps de m’attarder mais je demandais son nom au conducteur et quelques détails. Responsable aux achats d’une société de primeurs il venait de visiter un client et avait laisser à l’intérieur un petit mot qui en indiquait le lieu.

Que ce monsieur ait commis une infraction, cela ne faisait aucun doute et il ne le contestait pas. Qu’il mérite de payer une amende, cela allait de soi, mais était-il nécessaire de l’empêcher de reprendre sa voiture?

Que cette affaire prit cette ampleur et mobilise autant de policiers alors même que le véhicule coupable ne gênait pas la circulation, me sembla disproportionné et légèrement burlesque. Dans une ville qui a bien du mal à faire respecter ses arrêtés municipaux et où le commissaire principal avoue qu’avec l’effectif actuel la police ne peut pas tout faire, qu’il y a des priorités, le spectateur de cette scène a le droit d’être complètement abasourdi. Cet épisode me rappelait aussi une aventure qui m’était arrivée quelques mois plus tôt dans la même ville :

J‘étais mal garé, je le reconnais. J’arrivais sur les lieux lorsque la voiture de la fourrière commençait à lever mon véhicule. On me proposa de payer l’amende sur-le-champ, condition indispensable pour ne pas voir ma voiture s’éloigner et devoir rentrer chez moi à pied. Hasard, j‘avais sur moi mon carnet de chèques. J’en signais un, d’un montant confortable (je me fis la remarque que c’était là de l’argent facilement gagné pour la société privée qui gérait la fourrière). Grâce à lui je pus regagner mes pénates, à double titre soulagé…

" il n’y a pas de morale à cette histoire et pas de bon sens non plus! "

Lettre publiée dans Nice Matin, édition Cannes.

- Alain Dartigues - Cannes, décembre 1999 -