Cagnard... au soleil de novembre...

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Catégorie Geste et pensée...

Un des premiers, Blaise Cendrars, utilisa ce terme dans L'Homme foudroyé. « J'allais faire la sieste dans un cagnard ensoleillé, entre les racines d'un pin, au creux d'un rocher, au fond d'une anse. » On y est à l’abri du vent froid d’autan ou du mistral et l’on y profite à plein de la chaleur bienveillante du soleil d’hiver.



La température de l’eau et de l’air avait bien diminué. Nous étions en hiver. Vêtus chaudement, les coureurs à pieds et les gens qui déambulaient nous regardaient sortir de l’eau, un peu surpris, un peu admiratifs peut-être. Depuis déjà quelques semaines, nous avions raccourci notre parcours en mer mais le plaisir était toujours là. Nous savions par expérience que, passer une centaine de mètres de nage, anesthésiés par le froid, nous retrouverions cette sensation de bien-être et ce regain d’énergie qui participait à la récompense de l’effort fourni. Cette sortie ressemblait en cela aux autres. Un petit vent en surface ajoutait du piquant à l’affaire. 

Nous contournions une bouée de pêcheur pour éviter les filets posés, parallèles à la plage. Nous nous arrêtions un court instant au niveau du château d’eau, avant de rebrousser chemin. Juste le temps de réaliser les différences de températures entre l’air et l’eau. Il était facile de se rendre compte que, sur quelques centimètres, la mer avait été refroidie par le vent alors que debout, nos pieds appréciaient quelques degrés de plus. En nageant, à chaque mouvement de bras hors de l’eau, le vent qui forcissait, augmentait la sensation de froid.

De retour que le sable, le soleil était au rendez-vous. Nous nous installions à l’abri du vent dans un cagnard que nous procurait l’avancée de l’escalier d’accès. Nous nous séchions vigoureusement. Puis, le dos contre le mur de pierre qui avait emmagasiné la chaleur, le regard clair, nous regardions vers le large jusqu’à ce que le bruit des voitures prenne le pas sur celui des vagues. Le flot des pensées faisait alors de nouveau surface. Nous n’étions plus à l’abri du monde…

Cannes, 1999.