Où s’arrête le tourisme, où commence le surtourisme ?

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L’industrie du tourisme a pris, depuis les années 50, une place de plus importante dans les économies de nombreux pays. C’est devenu un phénomène social et civilisationnel. Tout le monde veut des congés, tout le monde veut voyager, loin si possible. Tout le monde veut aller au ski en hiver et sur les plages en été... En 2019, avant la pandémie, 1,5 milliard de touristes internationaux ont voyagé d'après les données de l'Organisation mondiale du tourisme. Qui s’en plaint ? Pas les élus, pas les commerçants, pas les travailleurs de ce secteur. Pourtant, les effets collatéraux existent et ont directement un impact sur notre environnement, sur la biodiversité sur le climat.


- photo (c) PCA -

La pandémie semble déjà loin et le tourisme a retrouvé sa vitesse de développement. Toujours plus, toujours plus loin. C’est que le secteur représente un potentiel important de croissance économique notamment en termes d’emplois. De nouvelles destinations se sont ouvertes au tourisme, créant une source de revenus pour bon nombre de pays en développement. Les paquebots de croisière font le plein et sillonnent toutes les mers avec des capacités de plus de 3000 voyageurs. Le plus gros pourra bientôt en transporter 7500… 

Pourtant quelques voix discordantes viennent déranger cet ordre bien établi. Venise en a marre, les habitants de Barcelone, de Dubrovnik, de Lisbonne aussi. Les environnementaliste s’inquiètent. Trop, c’est trop. En France le gouvernement avait injecté, quoi qu’il en a coûté, des sommes folles pour soutenir le secteur. Il constate aujourd’hui que  « cette période de crise n’a pas été assez utilisée pour engager des transformations d’ampleur », notamment pour répondre aux engagements de la France en matière de développement durable et de lutte contre le réchauffement climatique.

En novembre 2021, le gouvernement avait aussi mis en place le plan « Destination France », doté d’un budget de 1,9 milliard d’euros, pour relancer le secteur. Ce plan avait comme objectif de conforter la France dans sa place de première destination touristique mondiale et d'en faire la première destination du tourisme durable à l'horizon 2030. Il visait, notamment, à faire monter en qualité l'offre touristique française et à améliorer l'attractivité des métiers du tourisme. Il semble qu’on soit au point mort. Les professionnels semblent n’avoir que des objectifs à courts termes et ne se souci guère du Monde de demain, celui qu’ils laisseront à leurs enfants.

Force est de constater aujourd’hui que pour certaines destinations très prisées des voyageurs, il n’est plus question de développer le tourisme, mais plutôt de le limiter. Le terme de surtourisme ou tourisme de masse est apparu ces dernières années pour désigner ce phénomène d’embouteillage des sites touristiques par un nombre croissant de visiteurs. Sur la Côte d’Azur, pionnière du tourisme et du tourisme de masse, les plus beaux sites sont à risque, les îles de Lérins en tête. Dans les Calanques de Marseille, la situation est encore pire. Dans l’arrière pays niçois, le Parc du Mercantour sature. Comment réguler cet afflux ? C’est un peu la quadrature du cercle, sauf si l’on envisage de modifier nos comportements, en ce qui concerne par exemple nos loisirs.

Que ça nous plaise ou non, cette augmentation de la population sur des lieux et des dates précise, les transports de personnes et de produits qu’elle nécessite, ne peuvent qu’affecter nos ressources (eau, énergies non renouvelables, pollutions diverses et variées…) et notre confort (bruit, déchets, sécurité…), avec de effets cumulatifs. L’impact sur les locaux est considérable, les centres-ville sont désertés car trop bruyants et devenus trop chers.

Une des solutions envisagées pour réduire l’impact des voyages sur le climat est la compensation carbone. De plus en plus de compagnies aériennes proposent à leurs passagers de payer sur le prix du billet une taxe pour compenser leurs émissions de CO2 en finançant des projets dans le domaine des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique ou de la reforestation.

Après la conférence de Paris sur le climat (COP 21), les États membres de l’OACI, dont la France, ont signé en 2016 un accord visant à stabiliser les émissions de CO2 dans le transport aérien international à partir de 2020 et à réduire de moitié les émissions du secteur d’ici à 2050. Dans le cadre du programme Corsia, les compagnies aériennes devront compenser leurs émissions de carbone à partir de 2021 (achat de crédits carbone, utilisation partielle de carburants verts pour remplacer la consommation de kérosène...).

Pour financer les transports alternatifs, notamment le ferroviaire, le gouvernement a augmenté en 2020 la taxe de solidarité sur les billets d'avion, dite taxe Chirac, créée en 2005. L’Union européenne envisage, de son côté, de taxer le kérosène pour diminuer les émissions de CO2. Depuis 1944, le carburant des avions est exonéré de taxes en vertu de la Convention de Chicago afin d’encourager le développement des liaisons internationales. Aujourd’hui, plusieurs associations de défense de l’environnement réclament la taxation du carburant pour limiter l’impact du trafic aérien sur le climat. CQFD !


- photo (c) PCA -