L’industrie des vêtements. Le mauvais exemple… chinois.

A quelques jours du début des soldes d’été, une enquête sur la fast-fashion et notamment la marque chinoise SHEIN confirme la tendance mortifère qui a conduit, en l’espace de 20 ans, cette industrie dans une impasse environnementale.


- photo Reporterre -


En 2022, le leader de l’ultra fast-fashion, Shein, enregistrait une croissance de 100 % de son chiffre d’affaires, avec 30 milliards de dollars de recettes. Alors que les enseignes de prêt-à-porter françaises s’enfoncent dans une crise économique et sociale, les marques de fast-fashion semblent être les seules à sortir leur épingle du jeu. Caractérisées par leurs prix dérisoires et une rotation extrêmement rapide de leurs modèles, ces enseignes illustrent la fuite en avant d’un système ultra compétitif.

À l’aide d’une analyse journalière des nouveautés vestimentaires commercialisées par l’enseigne chinoise Shein, on peut ainsi mesurer les impacts de l’accélération actuelle de la production textile. Elle met en évidence le caractère sans précédent de la fréquence de renouvellement des produits, à l’origine d’une surproduction incompatible avec les limites planétaires et des conditions de travail décentes. 

En 2022, 3,3 milliards de vêtements ont été mis en marché en France, soit plus de 48 vêtements par habitant. Il est à noter que la crise de la Covid-19 a eu un effet notable de diminution des mises en vente en 2020, mais que les niveaux ont été en partie rattrapés en 2021, avant d’être largement dépassés en 2022. 

Le modèle de fast-fashion qui apparaît dans les années 2000, se caractérise par l’alliance entre des volumes de production élevés et des prix toujours plus bas. À l’époque, la plupart des enseignes renouvelaient leurs collections de manière semestrielle, avec deux collections automne/hiver et été/printemps. Au début du 21e siècle, certaines enseignes (dont Zara et Forever 21, présentes aux États-Unis) changent leurs habitudes de production. De nouvelles stratégies sont mises en place pour donner toujours plus envie de consommer toujours plus. Les rythmes de collection s’accélèrent alors jusqu’à atteindre, pour certaines enseignes, 52 collections par an, soit une par semaine. 

Si ce rythme est déjà colossal, l’arrivée de nouvelles enseignes dites d’ultra fast-fashion (Shein, Asos ou encore Fashion Nova) dans les années 2010 va encore accélérer cette folle course insoutenable. Ce qu’amènent ces enseignes, ce n’est pas une collection par semaine, mais la mise en marché de plusieurs milliers de nouveaux modèles par jour.

Des chiffres démentiels comme les conséquences prévisibles sur la planète Terre. On a du mal a imaginer qu’on pourra longtemps continuer comme ça. C’est la politique du « ici et maintenant » qui avait un autre sens chez les stoïciens de l’Antiquité… Le triomphe du court terme sur le long terme qui pourrait bien, selon certains chercheurs, être tout simplement dans notre ADN...