Mexique. Le temps passé... le temps arrêté...

Crédits:
textes par
Catégorie Geste et pensée...

Passage dans le village atypique de San Miguel de Allende, au printemps 1972.




Une pie passa sans bruit près de moi. Il avait fait très chaud dans la journée. Une chaleur qui était tombée sur les couleurs, leur enlevant tout leur éclat. Maintenant que le soleil allait disparaître derrière les montagnes, le paysage retrouvait un peu de fraîcheur. Le vert était à nouveau vert et là-bas, les collines se nuançaient, déclinant les couleurs terre. Plus loin encore, les montagnes devenaient de plus en plus bleues, dans un dégradé studieux de classe de dessin. Là où je me trouvais, il y avait un bouquet d’arbres bien entretenu et, de la pelouse humide, montait une odeur d’herbe coupée.

Assis sur la petite terrasse, dans la chambre que j’avais loué, j’appréciais le moment. Un à un les grillons manifestèrent leur présence, jusqu’à  unir leurs stridulements. Sur ma peau, je sentais la brise tiède, parfumée et vivante. Je respirais les odeurs des plantes chauffées à blanc. C’était peut-être ça méditer : écouter en silence tous les bruits, se laisser envahir par tout ce qui compose notre environnement jusqu’à ne faire qu’un avec lui ?

Puis des images se manifestaient qui cherchaient à raconter une histoire. Il y avait celle accrochée à un lointain passé et celle d’hier qui se télescopaient. 

Le soleil disparu derrière les montagnes, les bruits se raréfiaient tour en prenant une nouvelle importance dans cette tentative de silence. Les aboiements d’une bande de chiens déchirèrent la nuit. Les premières chauves-souris commencèrent leur ronde et frôlèrent mon perchoir. Je m’étonnais d’être là, d’exister.

San Miguel de Allende, Mexique, 1972.