Grasse. La truffe a l’heure du changement climatique…

Les sols de la Provence, sans doute plus que d’autres régions en France, sont soumis à une forte pression hydrique. Ainsi, la truffe, pourtant habituée à vivre avec peu, est en souffrance. C’est ce que constatent depuis plusieurs années les trufficulteurs professionnels.


La saison de la truffe, de fin novembre jusqu’au début de mars, s’annonce avec l’espoir d’une production correcte. La période estivale entrecoupée par endroits de sécheresse et de pluies, devrait apporter une production normale. Pour les plants arrosés, la saison sera bonne. En effet, dans les zones les plus touchées par le changement climatique, les trufficulteurs s’équipent de moyens d’irrigation. Ils disposent notamment de sondes qui leur permettent de mesurer le niveau d’eau disponible dans les sols et d’ajuster au mieux les arrosages nécessaires.

La truffe a retrouvé ses lettres de noblesse, grâce au travail de communication des syndicats de trufficulteurs rendus possible grâce aux diverses aides du Département, de la Région. Dans les Alpes-Maritimes, l’engagement du maire de Grasse, Jérôme Viaud et du maire du Le Rouret, Gérald Lombardo ainsi que celui de Jacques Chibois, ont été décisifs.  La truffe a pu ainsi réapparaître sur les cartes des menus. L’organisation du Marché de la truffe, devenu très populaire et qui tient lieu et place à La Bastide de Saint Antoine à Grasse, suivi par celui du Le Rouret sur la place du village, a contribué à populariser ce produit, toujours considérer comme un produit de luxe. Or, il faut savoir que si le prix de la la truffe noire (Tuber Melanosporum) au kilo impressionne, entre huit cent et plus de mille euros, 10 grammes seulement sont nécessaires pour parfumer une omelette, une purée… et en faire un plat de fête !

Il faut aussi savoir, et les trufficulteurs présents au Marché sont là pour nous renseigner. La truffe respire et une fois chez nous, il faut la sécher. Le mieux est de la tenir  au sec sur un lit de grains de riz, dans une boîte fermée à ouvrir de temps en temps pour renouveler l’air. Conservée ainsi, elle peut garder ses qualités gustatives une dizaine de jours au frais. 

Depuis qu’il est organisé, le Marché de la Truffe est en tête de l’agenda gourmand du début de chaque année. C’est aussi une manifestation qui se veut pédagogique. Il s’agit avant tout de valoriser la truffe de Provence et de garantir sa qualité. La présence de chiens truffiers en démonstration avec leur maître vient compléter le tableau. 

La touche artistique sera donnée cette année par Henri Bariera. Originaire de Saint Paul de Vence, c’est lui  qui s’est chargé de réaliser l’affiche du 28e Marché de la truffe. Le peintre s’est attaché à mettre en évidence la partie cachée : un rappel de son développement à l’ombre des chênes... truffiers. Une expression picturale en accord avec sa vision d’un monde en harmonie : « Orienter l’attention vers les aspects permanents du règne vivant, me donne en retour un précieux fil d’Ariane propre à sauvegarder de l’érosion, la sensibilité et l’éveil du regard ! »


- de gauche à droite : Michel Santinelli, Denis Zanon, Jérôme Viaud,
Henri Batiera et Jean-Philippe Greco © Patrick Flet -