Architecture. Les enjeux environnementaux

s’invitent à la table…

Il y a eu des architectes qui ne pensaient qu’au beau, d’autres plus récemment ne cherchaient qu’à répondre à des cahiers des charges que les promoteurs privés ou publics leur imposaient. A l’heure de l’abondance énergétique, ni les uns ni les autres ne se souciaient vraiment de mettre sur le marché des logements économes. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.


- Architecturestudio et Nexity Ywood construisent actuellement le plus haut immeuble
de bureaux en bois de France à Nice, le Palazzo Mediria -


Face aux tensions qui règnent sur l’approvisionnement en énergie, les entreprises sont maintenant sommées par l’exécutif de réduire de 10% leur consommation. Pour les architectes urbanistes de « Studios », les actions curatives immédiates, comme éteindre la lumière ou baisser le chauffage, permettront certes d’atteindre cet objectif à court terme mais ne suffiront pas à adresser les enjeux climatiques pour 2030, fixé à 40% par le décret tertiaire du Ministère de la transition écologique. « Parce que l’énergie la plus durable est celle que nous ne consommons pas », le collectif d’architectes appelle à un mouvement vers une architecture passive, c’est-à-dire neutre en énergie. Il n’y a pas de fatalité, des solutions existent et ne demandent qu’à être activées pour transformer durablement l’immobilier tertiaire.

Le collectif multidisciplinaire préconise ainsi de systématiser l’approche bioclimatique. Il défend une architecture de bon sens qui, dans la conception même du bâtiment, minimise la consommation d’énergie en tirant parti de son environnement immédiat, de son orientation, de la ventilation naturelle, de la proportion de plein et de vide de la façade, de sa matérialité ou encore de sa couleur. Une approche qui permet de capter, transformer, diffuser, se protéger de la chaleur et du froid selon la saison et d’optimiser la lumière naturelle.

Il s’agit de construire des bâtiments autosuffisants. Ces deniers doivent être en capacité de produire l’énergie nécessaire à leur consommation. L’installation de panneaux photovoltaïque, d’éoliennes ou de système de récupération de la chaleur dégagée par des unités informatiques sont des solutions parmi d’autres pour rééquilibrer la consommation d’énergie des bâtiments tertiaires.

Il conseille de développer des modèles de partage des ressources à l’échelle des villes et des quartiers. A l’image des réseaux urbains qui centralisent les productions d’énergie, il s’agit de créer des boucles vertueuses entre producteurs et consommateurs d’énergie. Une approche circulaire qui peut s’appliquer à l’échelle du bâtiment grâce à la mixité des usages.

On doit de plus en plus s’attacher aussi à optimiser et piloter les consommations d’énergie en s’appuyant sur la data et les nouvelles technologies. Grâce au smartbuilding il existe de nouvelles possibilités comme la détection de la présence des collaborateurs, fermeture automatique des volets, ouverture des fenêtres la nuit… Des outils qui permettent également de rationaliser le taux d’occupation des bâtiments, devenu plus aléatoire avec le télétravail.

Garantir la totale résistance thermique des bâtiments, en privilégiant l’isolation des enveloppes extérieures d’une part et, d’autre part, en optimisant la gestion des ponts thermiques qui permettent de conserver une température naturelle confortable, sont des pistes incontournables. Tout cela, sans omette de réparer l’existant en intégrant ces solutions dans la rénovation et permettre au bâti de s’adapter aux nouveaux enjeux. CQFD !


- le Village olympique d'Athènes, 2004 -


  • Architecturestudio est une agence internationale d’architecture, d’urbanisme et de design d’intérieur créée en 1973, implantée à Paris, Shanghai et Zug. Elle regroupe, autour de 13 associés, une équipe pluridisciplinaire de 150 personnes de 20 nationalités différentes. Son engagement pour la valorisation de l’architecture se concrétise par une œuvre collective lauréate de nombreuses distinctions.