Des architectes face au changement climatique...

Il devient de plus ne plus urgent que ceux qui sont les responsables de nos lieux d’habitation, de loisirs et de travail, prennent pleinement en compte la réalité climatique. Il y a trop d’exemples - récents - autour de nous qui sont des passoires thermiques et des gouffres énergivores… des énergies de plus en plu rares, chères et dont les réserves ne sont pas éternelles. Cerise sur le gâteau, nos climatiseurs ( il y en a des centaines de millions de par le monde) ont pour conséquence de réchauffer l’air extérieur.


- Les bureaux de Google en Californie -


A ce constat implacable, les responsabilités sont partagées. A des degrés différents élus, promoteurs, concepteurs, constructeurs, font parti de ces responsables. Responsables mais pas coupables ? Une chaîne de complicité implicite où chacun rejette la faute sur un autre ou sur la loi du Marché… Un collectif international d’architectes travaillent de pair avec pour objectif la neutralité carbone des bâtiments d’ici 2030. Un défit ambitieux s’il en est qui dérange bien des habitudes. Mais nécessité fait loi et le changement climatique dont on mesure un peu plus les effets, imposera des changements de comportements radicaux.

Pour les membres du collectif STUDIOS Architecture, « le réchauffement climatique n’est pas un voyage sans retour. La ville peut encore s’adapter aux fortes chaleurs. L’urgence est de revenir à une architecture de bon sens, qui réconcilie l’urbanisme avec les enjeux actuels... » Le collectif a comptabilisé plusieurs mesures de bon sens, simples et concrètes pour faire de la ville verte et bas carbone une réalité :

    • Végétaliser la ville et en particulier les toitures, une action à court terme qui offre de nombreux avantages : pour rafraîchir les bâtiments, pour capter l’eau des orages et réduire l’effet des pluies diluviennes qui suivent généralement les fortes chaleurs,

    • Privilégier les couleurs claires pour limiter la captation de chaleur, avec par exemple du zinc blanc, typique de l’architecture haussmannienne dans les grandes villes,

    • Restructurer plutôt que construire des bâtiments neufs : pour lutter contre l’artificialisation des sols et réduire l’impact carbone des structures,

    • Rendre les bâtiments réversibles, pour cesser de construire pour déconstruire. Parce que l’architecture d’aujourd’hui doit non seulement répondre aux besoins actuels mais aussi être capable de s’adapter dans les 50 ou 100 années à venir,

    • Développer des programmes mixtes, combinant logements / bureaux / commerces et services, qui permettent de renoncer à certains déplacements selon les préceptes de la « Ville du 1⁄4 d’heure »,

    • Faire le choix de matériaux biosourcés localement. L’architecture durable, c’est celle qui utilise le bon matériau au bon endroit. Il nous favoriser des matériaux naturels, comme le bois ou le chanvre. Et aussi privilégier les fournisseurs français et européens, pour limiter l’impact carbone des transports,

    •  Favoriser les solutions de réemploi et de recyclage des matériaux, comme le béton déconstruit pour les fonds de route, alternative au bitume systématisé dans nos villes,

    • Réduire la consommation d’énergie des bâtiments par une approche bioclimatique. L’énergie la plus durable est celle que nous ne consommons pas. C’est pourquoi STUDIOS défend une architecture frugale qui, dans la conception même du bâtiment tire parti de l’environnement immédiat et minimise la consommation d’énergie grâce à son orientation, son isolation, la ventilation naturelle entres les espaces. L’agence travaille activement sur le « free cooling », méthode de ventilation intensive qui consiste à refroidir un bâtiment par ventilation en utilisant l’énergie de l’air extérieur nocturne,

    • Rendre les bâtiments auto-suffisants Si les bâtiments doivent consommer moins d’énergie, ils peuvent aussi en produire ! Il s’agit par exemple d’installer des panneaux photovoltaïques ou de récupérer d’énergie dégagée par des unités informatiques. 

    • Enfin, il est nécessaire de changer nos modes de vie pour faire avec une planète qui se réchauffe lentement mais sûrement. Ainsi, la systématisation de la climatisation devra laisser place à des gestes de bons sens. Sommes-nous prêts à renier un peu de confort pour faire notre part pour la planète ? Là elle la question centrale et d’une actualité … brûlante !