Immobilier. La tendance en temps de crise…

Yann Jéhanno, le président du Groupe Laforêt fait le point :


- photo (c) PCA -

« Après la frénésie de 2021, année qui a pleinement profité de l’effet de rattrapage de 2020, le marché de l’immobilier ancien semble retrouver un rythme plus habituel au premier trimestre, avec des ventes en retrait de 6 % au national par rapport à la même période l’an dernier. Janvier, notamment, a subi un ralentissement marqué lié aux nombreux cas de Covid qui ont provoqué la suspension de nombreux projets. Depuis février, la reprise est au rendez-vous avec une demande toujours supérieure au volume de biens disponibles sur le marché.

Après un retour en grâce des villes moyennes, les grandes métropoles retrouvent à leur tour leur attractivité en ce début d’année, notamment les appartements familiaux qui intéressent de nouveau les acquéreurs. Les maisons continuent toutefois de porter la croissance du marché en zones périurbaines et en régions. Autre phénomène qui marque ce premier trimestre : la recherche du juste rapport qualité/prix. Les biens répondant aux critères essentiels, bien orientés et sans gros travaux sevendent au prix, tandis que les négociations reprennent sur ceux qui présentent des défauts.

Le contexte actuel, avec le conflit en Ukraine, renforce encore la pénurie de matériaux de construction et ne facilite pas la rénovation des logements. En parallèle, le volume de biens sortis du statut de « passoire thermique » grâce au dispositif ‘MaPrimeRénov’ reste dérisoire et le sujet de la rénovation énergétique est toujours aussi prégnant. Aujourd’hui, pour les ménages, le reste à charge d’une rénovation performante représente en effet un coût beaucoup trop élevé.

Le crédit immobilier subit lui aussi un effet ciseau avec, d’un côté, des taux qui remontent sensiblement et, de l’autre côté, les recommandations du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) qui imposent depuis janvier aux banques de respecter un taux d’endettement des ménages de 35 % maximum. Les futurs acheteurs doivent donc soigner leurs profils, et l’apport personnel devient le sésame pour accéder à l’emprunt, obligeant les acquéreurs qui pourront le faire à puiser dans leurs économies, et écartant ceux qui ne le peuvent pas. Si ce sujet du financement de l’immobilier semble avoir été identifié par le gouvernement, il faut espérer qu’il sera considéré dans les prochains mois. »

Yann Jéhanno