Macron a-t-il du souci à se faire ?

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Le duel prévisible du second tour ne ressemblera pas à celui de 2017 et plusieurs scenarii sont possibles qui laissent la place à l’improbable. Méfie !


- photo © Pierre-Alain Dorange-

Première remarque. La présence d’un Zemour à 7,05 % a privé Marine d’un score qui l’aurait placée en tête du premier tour. En effet, ce score ajouté à ses 23,41 % lui aurait donné plus de 30 % des voix ; un véritable détonateur, tant au plan national qu’international. Imaginons les titres dans la presse, « L’extrême droite en tête ! » Cela aurait été pris au premier degrés et affaibli la crédibilité du président sortant. La candidature de Zemour, c’est un peu la démonstration de « l’effet papillon » ou plus vulgairement du cheveu dans la soupe… 

La déconfiture du Parti socialiste, des L.R. et dans une moindre mesure des Écolos, a quelque chose de tragi-comique. Leur électorat a fondu comme neige au soleil. La faute n’en revient pas seulement à Macron qui a habilement pioché dans leurs rangs, un peu à droite, un peu à gauche… Elle est la conséquence prévisible de cycles en fin de vie. Mais où sont donc passés leur électeurs, tous ceux qui ont placés là où ils sont, maires, notamment de Paris, sénateurs, conseillers départementaux ou régionaux ? On pouvait imaginer, que malgré les sondages, dans l’intimité des isoloirs, ils aient retrouvé leur famille. Et bien non. Il semble assez évident que l’électorat LR s’est scindé en deux. Une partie quasi égale donnant ses voix à Macron, l’autre (la frange Ciotti) à Marine. Le report  socialiste s’est lui tourné plus volontiers vers Mélenchon que vers le président sortant. Quant aux Écolos, ils ont été plombés dès le départ par l’attitude de celle qui n’a pas supportée d’être arrivé seconde de leur primaire, Sandrine Rousseau, caricature d’un parti plus rouge que vert... Elle a joué contre son camp et porte la responsabilité de cet échec. L’électorat vert s’est ainsi fractionné et est allé en priorité vers Mélenchon.

La grande inconnue, ce n’est pas seulement ce que vont faire les abstentionnistes du premier tour, qui iront à la pêche ou à la plage selon la météo, mais bien le report des voix des candidats éliminés. Et c’est là que le président sortant doit se faire du souci. Quels sont en effet, ses réserves de voix ? Pécresse et ses 4,79 %… Yannick Jadot avec 4,58 %… le communiste Fabien Roussel à 2,07 %… Anne Hidalgo pointée à 1,74 % ? 

Pas sûr du tout que leurs électorats suivront les consignes de vote. D’où l’incertitude du résultat final. La plus grande inconnue, c’est bien le corps électoral mobilisé par Mélenchon. Avec son score, il se positionne ainsi en « faiseur de roi ». Mais la plus grande partie de ses partisans sont viscéralement contre Macron et l’option capitaliste qu’il représente. Ils ne retiennent que sa proximité avec les banquiers plutôt de sa politique du « quoi qu’il en coûte » qui a bénéficié pourtant à toutes les classes sociales. Beaucoup d’entre eux, dans le secret des urnes mêleront sans doute leur voix à celles des partisans de Marine, oubliant qu’elle est pourtant à l’autre bout de leur échiquier... mais révolutionnaire un jour, révolutionnaire toujours...

Un deuxième tour inquiétant. Pendant ce temps, la planète brûle, l’Ukraine aussi, tandis qu’en Chine des millions de gens sont confinés, à la merci d’une pandémie incontrôlée.