Nice. Moko Mad’moiselle se met en scène...

Après huit années passées à franchir les portes d’habitations anciennes, Moko Mademoiselle - alias Stéphanie Chotia – livre avec « Amoregrafia » un nouveau récit photographique où elle s’emploie comme sujet. L’exposition est à découvrir du 4 mars au 29 mai 2022 à la Galerie du Musée de la Photographie Charles Nègre de Nice.


Il est des émotions amoureuses qui nous broient. Elles forment un agrégat d’élancements sourds, pénétrant la chair de l’âme dans un cri étrangement silencieux. Brutal, ce joug vorace a presque la pudeur d’être un désespoir qui refuse son ascendance. Envisagez un décor chimérique, une scène de théâtre mental où se joue un drame admirable. Quittée avant même que son amant n’en fasse acte, une femme consent à son intuition en chorégraphiant son ultime baiser d’adieu. Elle sort ses plus belles ombres : profondes et soyeuses. Et devant lui, elle déploie tous les reflets de sa déchirante mélancolie. 

Comme un ballet découpé scène après scène, cette « amourgraphie » déclame son propre renoncement, avant qu’il n’y cède lui-même. Son oraison est soutenue par la dégradation névrosée des lieux où elle se donne en spectacle. Fracture des matières, écroulement des décors, souffrance des sols et de l’air, plaies et lacérations des éléments qui meublent ces lieux : autant de détails qui illustrent à la perfection le pourrissement intérieur d’un esprit qui clame sa souffrance… Ainsi, dans ce que l’on pourrait prendre pour une mise en scène plaisante, parée d’un déshabillement composé, il y a toute autre matière. Syllabes, mots et verbes se font regards, postures, gestes, dévoilant une violence émotionnelle qui se retient de justesse…

« J’imagine la scénographie. J’incarne le personnage. Je photographie. Je n’aime rien d’autre tant que faire seule et devenir un élément de mes propres compositions. Il est d’ailleurs rare que je me laisse tirer le portrait… Des lieux abandonnés se substituent, dans ma pratique photographique, à l’atelier d’artiste. J’en découvre les ambiances sur l’instant et j’y deviens à la fois créatrice et matière de mes œuvres. Dès lors, je ne suis plus moi-même mais un alter ego dont je peux tout exiger, jusqu’à obtenir l’image désirée… » explique Moko Mad’moiselle.

1, Place Pierre Gautier - Nice - tel. 04 97 13 42 20