Bertrand Coste : un neurobiologique de pointe…

La Fondation pour la Recherche Médicale, institut reconnu d'utilité publique, soutien depuis plus de 75 ans la recherche médicale grâce à la générosité des Français en finançant les projets innovants qui ont le potentiel d'améliorer la santé des patients et de sauver des vies. Elle vient de distinguer un chercheur marseillais, Bertrand Coste, pour sa contribution exceptionnelle au progrès de la connaissance scientifique dans le domaine médical. Avec comme enjeu concret, la diminution de la perception des douleurs chroniques.


- Bertrand Coste (à gauche) et son équipe -

Au carrefour d’autres sciences biologiques, la neurologie étudie les fonctions du système nerveux, du niveau moléculaire jusqu'au niveau le plus intégré des réseaux neuronaux. Elle permet notamment de mieux comprendre les mécanismes neuromusculaires. C’est le domaine de compétence de Bertrand Coste. C’est lors de son doctorat sous la direction de Patrick Delmas dans le Laboratoire de Neurophysiologie Cellulaire, à Marseille, que ce dernier conçoit le matériel qui va lui permettre de mesurer l’activité de perception mécanique par les cellules nerveuses. En 2007, il exporte cette technique dans le laboratoire du Pr Ardem Patapoutian, au Scripps Research Institute, en Californie. Elle permet, en 2010, la découverte des canaux Piezo, constituants clés de la perception sensorielle mécanique, et qui ont valu au Pr Patapoutian le Prix Nobel en physiologie ou médecine 2021.  À son retour son France, en 2013, il est recruté par le CNRS et réintègre l’équipe « Bases neurales des fonctions somatosensorielles - Somatosens » au Laboratoire de neurosciences cognitives, à Marseille. 

Il y travaille sur les mécanismes moléculaires à l’origine de la perception sensorielle « mécanique », appelée mécanosensation qui définit notre capacité à percevoir le toucher, la douleur ou la proprioception - la capacité à percevoir son corps dans l’espace - ; des fonctions sensorielles fondamentales dans notre interaction avec l’environnement. La mécanosensation repose sur la conversion des stimuli mécaniques, en provenance de l’environnement, en signaux biologiques au sein de cellules nerveuses spécialisées. Plus précisément, ils sont activés par la pression et sont impliqués dans le toucher et la proprioception. À ce jour, néanmoins, les acteurs moléculaires impliqués dans la perception de la douleur mécanique aiguë ne sont pas identifiés. C’est tout l’enjeu des recherches actuelles de Bertrand Coste. 

En étudiant l’ensemble des gènes exprimés dans les cellules nerveuses spécialisées dans la mécanosensation chez la souris, son groupe a identifié des gènes susceptibles de coder les différents éléments impliqués dans ce phénomène. Les scientifiques s’attachent maintenant à comprendre leur fonction. Ils espèrent ainsi identifier des composants ou des modulateurs spécifiques de la douleur. Il s’agit d’un enjeu majeur d’un point de vue fondamental, mais aussi pour ses implications cliniques potentielles. Cibler ces mécanismes moléculaires pourrait permettre, en effet, de bloquer en amont la détection du signal douloureux. De quoi apaiser les douleurs mécaniques chroniques ou inflammatoires présentes dans de nombreuses pathologies comme l’arthrose et l’arthrite, les douleurs osseuses, le diabète, la sclérose en plaques ou encore les névralgies périphériques. CQFD !