Evian. « … au théâtre de la vie », une exposition dédiée à Christian Bérard.

Catégorie Les Arts au soleil

Du 5 février au 22 mai au Palais Lumière d’Évian, l’exposition « Christian Bérard - au théâtre de la vie » présentera les multiples facettes de cet artiste polyvalent, à la fois peintre, décorateur de théâtre, de danse et d’intérieur, dessinateur de mode et illustrateur.


- Portrait de Damia, circa 1930 © Mirela Popa -

Pour la première fois depuis quarante ans, une rétrospective met en exergue un artiste qui, après avoir été la coqueluche du Tout Paris, est tombé dans l’oubli. Christian Bérard (1902-1949), peintre, décorateur et costumier de théâtre, dessinateur de mode, illustrateur, en un mot artiste polyvalent et surdoué, mène de pair vie de bohème et vie mondaine. L’oubli relatif dans lequel il tombe après son décès contraste singulièrement avec l’éclatant succès qu’il remporte de son vivant. « Bébé » Bérard, ainsi le surnomme-t-on, met son talent au service de Roland Petit et de Jean Cocteau comme de Jean-Louis Barrault et de Louis Jouvet, du magazine Vogue comme du Harper’s Bazaar. Arbitre du goût, il conseille aussi bien Christian Dior qui fut son ami, Robert Piguet qu’Elsa Schiaparelli et se fait le scénographe du Théâtre de la mode (1945).

Ses succès en matière d’illustration et de décoration (pour les Noailles, les Polignac) l’amènent à négliger quelque peu la peinture de chevalet à laquelle l’a préparé l’académie Ranson (sous la direction d’Édouard Vuillard et de Maurice Denis). Diverses expositions prometteuses l’associent au groupe « néo-humaniste » avec les frères Berman et Pavel Tchelitchew. Mais il ne tarde pas à prendre son indépendance. Ses toiles, tout particulièrement ses portraits, sont saluées par la critique. Dans Vu ( juillet 1932), Jean Gallotti écrit à son propos : « On ne saurait imaginer un art plus profondément humain, et mieux fait pour nous rassurer sur les destinées de la peinture. » Et Paul Fierens dans Formes (mai 1932) : « L’œuvre de Christian Bérard nous instruit plus exactement que toute autre des vices et vertus, des craintes et des espérances d’une génération, d’une société, voire d’une élite. »

L’exposition d’Évian présente le peintre aussi tourmenté que ses huiles. À contrario, elle le montre (photographies) comme figure du Tout-Paris, souvent en représentation. Happé par les séductions du monde: la mode, la décoration (accessoirement, l’illustration), la scène et l’écran. Dans ses autoportraits, il affiche un air sombre, inquiet ou mélancolique. Et c’est assurément une part de sa personnalité qu’il dépeint. Mais, sorti de son atelier, il s’égaye dans de cocasses improvisations avec ses amis Christian Dior, René Crevel ou Henri Sauguet, comme dans de mémorables bals costumés. À certains moments, il se cloître dans son appartement, n’existant plus pour personne. À d’autres, il court les cocktails et mène une vie mondaine. Dans un cas comme dans l’autre, vivant sur le fil du rasoir, entre tenue négligée et costume de soirée, Christian Bérard est en soi une figure théât- Paravent de Mme Artaud, 


- paravent de Mme Artaud, 1936, © Francis Amiand -