Nice. Otobong Nkanga à la Villa Arson...

Catégorie Les Arts au soleil

Née en 1974 au Nigeria et vivant aujourd’hui à Anvers en Belgique, Otobong Nkanga offre à voir des images qui révèlent une forte puissance d’évocation. Une grande diversité de supports et de matériaux donne forme à des œuvres inspirées de la terre, de ses ressources surexploitées et des récits qui en découlent. Son art se situe au croisement des constructions du temps et des civilisations pour aller au-delà de nos horizons, vers d'autres climats, d'autres économies.




Cette première exposition monographique en France se déploie comme un parcours qui privilégie les correspondances thématiques et esthétiques afin d’appréhender les méandres de son univers. L’artiste ne souhaite pas s’arrêter aux cadres de l’Histoire. C’est pour cette raison qu’elle a choisi de rédiger le titre de son exposition sous la forme d’une question et d’une invitation à regarder au-delà des horizons, au-delà des poncifs et de nous-mêmes, « d’aller au-delà de l’Europe, vers d’autres climats, d’autres économies », comme elle le dit. Ce titre est également l’amorce d’un court poème qui rebondira à la fin de l’été au Centre d’art contemporain Castello di Rivoli à Turin, qui produit un ensemble de nouvelles œuvres pour une exposition prévue du 20 septembre 2021 au 30 janvier 2022.

« Plus on prête encore attention à son travail, plus se révèlent également des perforations, des empilements de strates ou des constellations dans lesquelles se mêlent des minerais, du sable, des épices, des graines, des végétaux (parfois sans racines), des tissus, des teintures, du bois, des métaux (en corrosion ou en oxydation), voire des déchets marins, accordant une grande place aux matériaux et aux savoir-faire. La terre et ses ressources surexploitées sont pour l’artiste une source sans fin d’inspiration. Mais plutôt que de dénoncer cette exploitation frénétique par des raccourcis trompeurs, Otobong Nkanga choisit de creuser, de mener un travail au long cours pour mettre au jour les formes et les histoires qui en découlent, à la manière d’une enquête forensique. 

C’est ainsi qu’elle s’intéresse au mica qui tire son nom du latin micare qui signifie briller, lui-même lié au terme bling, dont on connaît les liens avec tout ce qui touche à l’ostentatoire. Le mica est utilisé en poudre pour les cosmétiques. Il est aussi un matériau dont la texture feuilletée extrêmement résistante sert d’isolant thermique pour certains bâtiments. Sa malléabilité en a fait un minerai extrêmement convoité. Les valeurs culturelles ne peuvent être dissociées des ressources naturelles. C’est justement au croisement de toutes ces histoires, de ces constructions du temps et des civilisations, que se situe l’œuvre d’Otobong Nkanga sur des rapports fragiles que notre humanité entretient avec son environnement. » E. M.

When Looking Across the Sea, Do You Dream ?
Otobong Nkanga
Villa Arson Nice
jusqu'au 19 sept. 2021