Toilettes, WC, cabinets… un confort pas pour tous…

En Occident, nul n’imagine que des millions personnes dans le monde n’y ont pas accès. C’est que nous avons pris la fâcheuse habitude de prendre tous les éléments de notre confort quotidien comme un dû. Nous sommes loin de la « cabane au fond du jardin » ou du « Va gaga à la vigne ! ». Nous appuyons sur un bouton et la lumière éclaire nos appartements, nous tournons notre robinet et, miracle, l’eau coule à profusion, un autre et c’est l’eau chaude quand nous prenons notre douche… Et le chiffre est plus qu’impressionnant tant il est improbable : 3,6 milliards de personnes ne disposent pas d’installations convenables pour faire leurs besoins avec tous les risques sanitaires qui en découlent.






- La cabane au fond du jardin, photo © Kyle Kesselring -


l y a quelques semaines, avait lieu la « Journée mondiale des toilettes . Cela peut prêter à sourire. Et pourtant : « Sans assainissement des eaux usées, les rivières, les plages et les cultures vivrières sont contaminées et des maladies mortelles se propagent dans la population. La vie sans toilettes est malpropre, dangereuse, humiliante » (United Nation Water). C’est pourquoi, le Centre d’Information sur l’Eau soutient chaque année cette campagne pour qu’en 2030 soit atteint l’objectif de développement durable qui est de garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable .

Dans le monde, 892 millions de personnes font encore leurs besoins à l’air libre. En France, la quasi-totalité des foyers dispose, depuis les années 1960, de toilettes à domicile. Et, parfois, d’un équipement sanitaire sophistiqué, comme les chasses d’eau à deux vitesses qui permettent de limiter la consommation à 3 ou 6 litres, contre 9 à 12 litres pour une chasse d’eau classique. La chasse d’eau représente 20% de l’eau utilisée dans la maison.

Les toilettes produisent des eaux usées qui doivent être correctement collectées et dépolluées pour ne pas menacer la santé humaine et polluer l’environnement. Avec plus de 20 000 stations de traitement des eaux usées, la France fait partie des bons élèves de l’Europe en raison des rendements épuratoires de bon niveau. Il existe néanmoins des besoins d’amélioration concernant les rejets d’eaux usées de certaines agglomérations qui rappellent le besoin de réinvestir dans ces infrastructures.

La France est capable de solutions technologiques pour que les eaux usées jouent un rôle dans la limitation de la pénurie et la préservation de la ressource en eau. La réutilisation des eaux usées assainies (seulement 11% au niveau mondial et 1% en France) est, par exemple, une source importante d’irrigation agricole. Les eaux usées ont également un grand potentiel en tant que source de nutriments et d’énergie.

Enfin, les eaux usées peuvent être une vigie pour la santé publique. L’épidémie de covid-19 a induit le développement d’une technologie stratégique majeure. Un suivi de la propagation en temps réel du virus dans la population est possible à partir de l’analyse des charges virales dans les eaux usées. L'Académie Nationale de Médecine a préconisé la généralisation de cette détection et a souligné que cet outil pourrait s'étendre à d'autres virus, comme celui de la grippe ou l'agent des bronchiolites. 

  • Dans les pays défavorisés, 2 milliards de personnes boivent de l’eau provenant d’une source contaminée par des matières fécales.
  • Chaque jour, 700 enfants de moins de 5 ans meurent de diarrhées causées par de l’eau insalubre. Deuxième cause principale de décès chez l'enfant, les maladies diarrhéiques sont évitables grâce à l'accès à un assainissement adéquat.
  • 359 milliards m3 d’eaux usées sont produites par an dans le monde.
  • À l'échelle du globe, 48% des eaux usées résultant des activités humaines retournent dans l’écosystème sans avoir été dépolluées.