PACA-Corse. La gestion durable de l’eau : une urgence...

C'est au Domaine de la Baratonne à La Garde, à proximité de Toulon que 150 entrepreneurs, élus locaux, représentants de la maîtrise d'œuvre et de la maîtrise d'ouvrage ont participé, aux 9e Rencontres Régionales de l'Eau et de l'Assainissement, organisées le 22 octobre 2021 par la Délégation PACA-Corse des Canalisateurs du Sud-Est.


- de g à d : Michel Reguillon, Didier Reault, Annick Mevre, Hervé Paul, Alain Grizaud, Yves Bourdais -


Collaboration entre le Canal de Provence et le Canal de Marseille, stockage de l'eau, installation prochaine d'un Parlement de l'Eau, prise en considération des milieux aquatiques et ‘Re-Use’, les solutions... et les défis sont nombreux. « La gestion durable de l'eau est un équilibre subtil et fragile entre pompage, stockage et partage… Agriculture, industrie, énergie, tourisme, consommation d'eau potable et milieux naturels aquatiques longtemps négligés..., tous ont besoin de ce bien devenu rare et... trop bon marché ! » soulignait Yves Bourdais délégué régional PACA Corse des Canalisateurs du Sud-Est.

De son côté, Philippe Picon, directeur de la ressource en eau du Syndicat Mixte d'Aménagement de la Vallée de la Durance alertait : « Le changement climatique d'ici à 2050 et la baisse de 10 à 20% de la ressource naturelle vont mettre le système en tension et la distribution va être compliquée... » Partagée entre agriculteurs, industriels, consommateurs d'eau potable, touristes, énergéticiens et milieux aquatiques, la ressource en eau et sa sécurisation sont les enjeux collectifs des prochaines décennies. La mise en place prochaine d'un Parlement de l'Eau, dans le cadre du Schéma Aménagement Gestion des Eaux, est très attendue ! Il réunira près de 120 personnes Collectivités, Usagers de l'eau et Administrateurs de l’État. 

Au Qatar où le stress hydrique est fort et où la température monte à 54°C l'été, 100% des eaux usées sont réutilisées, mais il n'y a pas de schéma directeur et les camions font la queue à la station d'épuration... En Israël, le taux d'eaux usées réutilisées est de 98%, 80% en Espagne et de… 0,6% en France. »indiquait Gautier Main, Directeur Pôle technique eaux urbaines d'Egis Eau.

Eric Lahaye, Directeur Régional de Veolia/Paca, mettait lui en évidence la réutilisation de l’eau. Ainsi, dès 2006, les eaux usées récupérées pour arroser le Golf de Sainte-Maxime, et ce dans le respect des qualités physico-chimiques. « Nous avons contribué à la réduction de 12% de la consommation d'eau potable du golf, qui avec des besoins de 12 000 m3 par jour, est le plus gros consommateur d'eau potable du département du Var », précisait-t-il. Cette solution pourrait être étendue aux nettoyages et arrosages des centre-ville ainsi qu'à l'irrigation des terres agricoles, mais elle se heurte en France à une réglementation qui fixe une qualité d'eau très élevée. L'objectif serait d'aller vers 100% des eaux issues des stations d'épuration. Il y a bien à ce jour quelques projets, comme à Cannes pour nettoyer les véhicules techniques de la ville avec des eaux usées et les Sables d'Olonne en Vendée avec le Projet Jourdain de la STEP qui crée une zone de rejet bio pour alimenter l'eau potable... mais c'est bien trop peu [que dire des centaines de milliers de piscines individuelles grandes consommatrices d’eau… potable ?].

« Mais aujourd'hui un usager souffre, c'est le milieu naturel. Il n'a pas suffisamment d'eau pour fonctionner normalement. La nature rend des services gratuits, le cours de l'eau recharge la nappe mais la biodiversité s'éteint. Il faut économiser l'eau potable pour résoudre les problèmes à venir de déficit en eau » alerte Annick Mievre comme un cri d'alarme.... « Nous n'en sortirons que par la solidarité, que si on travaille ensemble, la nappe du Var est un véritable enjeu ! »