Agriculture et énergies non renouvelables…

Le lien qui existe entre les deux n’est pas évident pour tous mais il existe bel et bien. Il semble que l’agriculture moderne ne pourrait pas fournir au même rythme les quantités de produits alimentaires de base sans l’utilisation des engrais, plus spécifiquement les engrais azotées de synthèse.m


- photo (c) Cjp24 -


Ce constat fait, une lettre ouverte a été envoyée à Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation :

« La hausse des prix du gaz montre le caractère insoutenable de notre modèle de production agricole. Les engrais azotés de synthèse nécessitent de grandes quantités de gaz fossile pour être fabriqués et dépendent donc du cours des énergies fossiles pour rester accessibles. Leur prix a été multiplié par 3 depuis janvier 2021, pesant de manière critique sur le budget des agriculteurs, et risquant de se répercuter in fine sur le budget des ménages. Les experts n’anticipent pas de baisse prochaine des tarifs, et, le gaz étant une ressource limitée, nous savons que cette situation se répétera.

Notre dépendance aux engrais apparaît aujourd’hui comme source d’insécurité alimentaire, et non comme rempart contre la faim comme certains le prétendent. La France, 1er pays consommateur de l’Union européenne, importe la quasi-totalité des matières premières nécessaires à leur fabrication. Notre pays est particulièrement vulnérable face à ces aléas.

Vous proposez de compenser le prix élevé des engrais. Des mesures d’urgence sont en effet nécessaires afin d’aider les agriculteurs à faire face à cette situation de rupture budgétaire. Néanmoins, cette mesure de court terme ne peut qu’être temporaire. L’argent public doit servir à remplir les missions essentielles de l’État, notamment permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier, aux citoyens d’accéder à une alimentation de qualité, et lutter efficacement contre la crise climatique et la destruction de la biodiversité. En Europe, les engrais coûtent déjà aux contribuables plus cher qu’ils ne rapportent.

Vous avez décidé d’enlever toute mesure forte sur les engrais dans la loi Climat, et votre version du Plan national stratégique ne prévoit rien pour aider les agriculteurs à sortir de cette dépendance. Il reste quelques semaines pour tirer les conclusions qui s’imposent de la flambée des prix actuels et revoir le PSN ainsi que le Projet de loi de Finances pour enfin doter la France d’un plan d’action ambitieux visant à réduire notre consommation d’engrais chimiques et faciliter l’accès des agriculteurs aux sources d’azote organique (d’origine animale et végétale). Dans le contexte électoral actuel, et conformément à votre mandat, nous espérons que vous saisirez ces deux dernières opportunités d’agir avant la fin de l’année 2021.

Plus largement, nos associations rappellent la nécessité d’ouvrir le débat sur la dépendance aux engrais de synthèse, qui est un choix politique et non une fatalité. Le redéploiement de la polyculture-élevage, de la culture des légumineuses, ou le plafonnement des apports d’azote sont des mesures clefs pour la transition économique, sociale et écologique du secteur. »

  • Signataires de la lettre : Amis de la Terre France - Alofa Tuvalu - Confédération paysanne - Générations Futures - Greenpeace France - ISF agriSTA – Miramap - Réseau Action Climat - Réseau Environnement Santé.