Cannes. Opération « Nage avec moi »…

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Changer le regard des gens valides envers les handicapés, en les mettant en situation d’être l’un d’eux, tel est le pari de Guillaume Barnaud. Ce dernier avait invité le public à venir l’autre dimanche à la piscine du Grand Bleu pour tester en situation de handicap, diverses activités dans l’eau et hors de l’eau.


Il faut bien l’avouer, la majorité d’entre nous éprouvons une certaine gêne à croiser le regard des handicapés. Ils dérangent l’ordre établi par les gens... valides. La solution de facilité, c’est de détourner les yeux. Cela ne nous empêche pas d’approuver de la compassion mais le plus souvent nous nous trouvons forts empruntés, ne sachant quelle attitude adopter. Le projet de Guillaume vient fort à propos et a permis à ceux qui ont accepté de jouer le jeu, de nager ou de se déplacer hors de l’eau, comme le ferait un handicapé moteur ou un non voyant…



- ici, les participants vont vivre la situation d'un hémiplégique -


Aidé par une équipe de bénévoles associatifs, notamment le Club des Handicapés Sportifs Azuréens, Guillaume avait mis en place différents ateliers. Hors de l’eau, les yeux bandés, une canne de non-voyant à la main, il s’agissait de se déplacer d’un point à un autre en évitant quelques obstacles. De s’installer dans un fauteuil roulant (version ville et aussi version sport) et d’effectuer un aller-retour d’un slalom balisé. Assez stressant, il faut bien le dire. Une vraie prise de conscience aussi et un respect vis à vis des handicapés et des difficultés qu’ils éprouvent, non pas le temps d’un jeu mais trop souvent de façon définitive.


Les expériences dans le milieu aquatique furent les plus spectaculaires et sans doute les plus concluantes. Évoluer dans l’eau nécessite déjà une adaptation avancée du schéma corporel. Où suis-je, où je me dirige, quel geste je dessine dans l’espace, à quelle vitesse je l’effectue ? Tout se complique alors lorsque je n’y vois pas, qu’il me manque une main, un bras, une jambe ou qu’une partie plus ou moins importante de mon corps est paralysée. Ici, le corps est déséquilibré, là le centre de gravité est bouleversé… Autant d’essais, de problèmes à tenter de résoudre, de stratégies à adopter pour trouver le geste juste, celui qui nous permettra de nous déplacer de façon économique avec efficacité.


Grâce à ces diverses expériences la connaissance du handicap est ainsi appréhendée de l’intérieur, sa reconnaissance n’en est que plus forte. Le regard change, la gêne s’atténue, le respect s’installe et n’a plus rien à voir avec l’apitoiement.


Cette matinée fut indubitablement riche en enseignements. Elle fut possible grâce à l’accord de la mairie qui mis à disposition l’espace nécessaire, le personnel. Fort appréciée l’aide des entraîneurs du CNC, du Comité départemental Handisport et les stagiaires Staps venus de Boulouris prêter mains fortes.




Si les objectifs du concepteur de l’animation ont été atteints : communiquer, mettre en relation valides et handicapés, recueillir des informations sur le ressenti des participants, d’autres pistes restent à explorer. Guillaume réfléchit déjà à proposer des animations sur un public ciblé : collégiens, lycéens, clubs de natation, stages de formations éducateurs… Certaines entreprises pourraient aussi être intéressées dans le but de renforcer l’intégration de personnes handicapées.


- Pour contacter Guillaume Barnaud - tél : 07.81.06.91.15