L’apprentissage de la lecture : faire le bon choix…

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Catégorie Pieds dans le plat

Des pédagogues en mal de démonstration et de renommé ont imposé aux instituteurs de l’après-guerre des techniques d’apprentissage qui ont vite montré leurs limites. Mais il a fallu attendre ces dernières années pour que certains osent critiquer et dénoncer les résultats peu probants de méthodes qui sont loin de profiter au plus grand nombre...




n effet, les résultats sont pour le moins déroutants et peu concluants. On peut même s’interroger et s’étonner qu’ils n’aient pas plus rapidement inquiéter les autorités qui il est vrai étaient juges et parties. Dans l’Éducation nationale, l’auto-critique n’est pas vraiment de mise… désolé.


Selon une étude de 2017, menée auprès des 16-25 ans lors de la journée défense et citoyenneté, il n’y a que 76,9 % de lecteurs efficaces en France et 5,2 % sont totalement illettrés, soit 1 jeune sur 20… Si ça n’est pas un constat d’échec et bien, ça y ressemble. Pour rappel, l’illettrisme touche ceux qui sont passés par l’école (contrairement à l’analphabétisme, qui touche les personnes n’ayant pas été scolarisées) comme le précise Claire Polin présidente de SOS Éducation.

Elle ajoute qu’il suffit de creuser un peu pour se rendre compte que le problème est bien plus large. Car en plus, 6,3 % d’entre eux sont en « difficulté de lecture ». On ne les considère pas totalement « illettrés », mais ils ont un niveau de compréhension « très faible, voire inexistant ». Ajoutons 11,6 % de lecteurs « médiocres » et le compte est bon. En fait, il n’est pas bon du tout . Cela signifie que 23,1 % de ceux qui sortent de l’Éducation nationale n’ont jamais vraiment appris à lire. Ce pourcentage grimpe à 50 % parmi ceux qui sortent du système scolaire avant le lycée. Un enfant sur deux !

Claire Polin dresse le diagnostique et dénonce les choix et les méthodes d’apprentissage. A cause de mécanismes de base non automatisés, les jeunes lecteurs doivent déployer des efforts pour deviner ce qu’ils lisent. Un effort qui avant même de comprendre l’énoncé, les conduit à commettre erreurs et contresens. Et pour fuir la gêne et la demander en douce à un autre de « confirmer » ce qui est écrit sur le tableau, prétexter une poussière dans l’œil pour gagner du temps, deviner vaguement l’exercice en fonction de ce qu’en a dit le professeur, se raccrocher à un ou deux mots à peu près connus, inventer toutes les ruses possibles et imaginables pour éviter de montrer qu’on ne sait pas lire. Un vrai calvaire qui va accompagner ces quasi illettrés durant le reste de leur parcours scolaire et tout au long de leur vie.

Mais pour la présidente de SOS Éducation, il n’y a pas de fatalité. Tous les enfants, même les plus « défavorisés » peuvent apprendre à lire et à comprendre ce qu’ils lisent. Pour elle, le premier problème à régler est le déficit lexical, ceci sachant que le déchiffrage est déjà pesant, si en plus vous buttez sur chaque mot et vous devez en deviner la signification…

Tout se jouerait dès la maternelle. Selon le CNRS, 20 % des élèves de CP connaissent entre 200 à 250 mots, soit guère plus… que des chiens dressés ! Le rôle de l’école maternelle est crucial et les professeurs des écoles ont une grande responsabilité, sans doute pas assez reconnue. Le deuxième problème serait ainsi l’utilisation de la méthode de lecture semi-globale (ou mixte), qui pousse l’élève à retenir dès le début la forme de certains mots sans les déchiffrer.

Dans le monde de l’Éducation nationale, les méthodes semi-globales règnent toujours majoritairement. Il y a eu certes une avancée récente, avec la promotion de la méthode syllabique promue par le ministre Blanquer, accompagnée d’un petit guide explicatif. Cette méthode permet à l’enfant d’intégrer le déchiffrage rapidement, car c’est le premier maillon nécessaire pour arriver à réellement lire.

Les neurosciences le confirment : les structures neuronales mobilisées pour le déchiffrage ne sont pas du tout les mêmes que celles qui nous permettent de retenir les formes. Une fois que ces circuits sont renforcés, le lecteur peut déchiffrer d’un seul coup d’œil, donnant l’impression de lire le mot de manière globale. Si au contraire on n’apprend pas à déchiffrer avant, et qu’on mélange avec des mots à retenir de manière globale (les méthodes semi-globales ou mixtes), on favorise le mauvais pli de la devinette des mots sans vraiment les connaître. Ainsi, un élève arrive à lire « vélo » au lieu de « bicyclette »... La conséquence directe est une anxiété de l’enfant qui sent bien qu’il ne maîtrise pas sa lecture.

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