Sur mes étagères. « Le Familier de la nature »...

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Le livre de Gilbert Anscieau publié aux Presses d’Île de France en 1946 est significatif de la vision que pouvait avoir la nature dans l’esprit de l’époque. Réédité à ne nombreuses reprises jusqu’à la fin des années cinquante, sa lecture était conseillé aux louveteaux, jeannettes et autres raiders scouts.




Il fut pour les petits français d’après-guerre, surtout ceux vivant en milieu urbain, une source d’informations, d’enrichissement personnel et d’inspiration. Dans un milieu naturel bien différent de celui d’aujourd’hui, la pression démographique sur l’environnement était bien moindre et les habitudes, notamment concernant le prélèvement des ressources, n’avait pas les mêmes conséquences dévastatrices qui celles que nous constatons.


Ainsi, on comprend mieux la part faite dans le livre aux pièges, principalement destinés aux animaux dits nuisibles mais pas que. On est plus près des traditions paysannes, décrites par un Pagnol ou un Giono, et qu’on peut objectivement qualifier de pratiques raisonnables, que la chasse moderne, injustifiable aujourd’hui et qui pousse l’excès à lâcher du gibier d’élevage pour le plaisir coupable de tuer des animaux vivants…


Cela étant dit, il y a de très beaux chapitres sur la protection des oiseaux, leur observation respectueuse, la compréhension qu’ils sont nos alliés irremplaçables dans la lutte biologique même si elle n’était pas encore à la mode de chez nous… Connaissance et reconnaissance de la flore et de la faune, de l’importance de prédire le temps… Tous les biotopes étaient passés en revu, lacs, étangs, rivières, bord de mer et vie marine de proximité… Une multitude d’observations qui, logiquement, débouchaient sur un profond respect des lois naturelles et, implicitement, sur les enjeux essentiels qui déterminaient notre place dans la chaîne de la vie.


« Mieux connaître pour mieux protéger ! », c’était au fond la philosophie qu’on pouvait tirer de cette lecture qui proposait de nombreuses pistes, jeux, recettes, et expériences pratiques. Cinquante ans plus tard le Commandant JY Cousteau ne disait pas mieux mais, il n’est plus à la mode de chez nous…




Dans la préface du livre, Jean Rimaud exprimait la gratitude de nombreux lecteurs : « Familier de la nature », l’expression est significative. Pour le devenir, il faut à la curiosité spontanée, à la sympathie amicale qui ouvre les yeux, joindre l’effort d’une recherche patiente, d’une observation précise et sincère. Cet effort est source de joie. Les disciples d’Anscieau lui seront reconnaissants d’avoir aidé cette source fraîche à jaillir en eux.


Les progrès technologiques et scientifiques sont passés par là, nous apportant du confort, de la sécurité, du social. Avec quelques effets pervers dont nous commençons à peine à mesurer l’ampleur : pollutions diverse et variées de l’eau, de l’air, des sols… diminution tragique de la biodiversité, dérèglement climatique...