A qui profiterait le « Brexit » ?
Le professeur de finance Christophe Dispas est convaincu que personne n'en tirerait profit...
Pour le Royaume-Uni, une récession serait sans doute inévitable. Concrètement, la conséquence serait une baisse des actions, une baisse de la devise … et, ce qui est plus positif, une baisse des taux d’intérêt. En effet, les risques économiques pousseraient certainement la Banque d’Angleterre à sortir l’artillerie lourde monétaire.
Pour la zone euro, outre la perte d’un partenaire économique privilégié, c’est essentiellement le précédent que cela créerait qui pourrait s’avérer très coûteux. Dans ce contexte, le risque de voir un autre pays sortir va augmenter … et le risque de perte significative pour les investisseurs concernés !
A moyen terme la lecture est plus difficile. Au niveau européen, il semble néanmoins qu’il n’y ait pas beaucoup à gagner d’un Brexit. La sortie du Royaume-Uni aura ouvert la boite de Pandore. Toute bonne nouvelle sur la croissance au Royaume-Uni sera systématiquement utilisée comme une preuve de la nécessité de sortir de la zone euro par les opposants.
Pour Le Royaume-Uni, le risque est double. D’une part, différentes sociétés de la zone euro, comme les services financiers notamment, pourraient décider de relocaliser certaines activités. Un second risque serait de voir la livre sterling s’apprécier fortement en cas de crise dans la zone euro, via un effet de valeur refuge. La position compétitive du Royaume-Uni pourrait ainsi être plus difficile à tenir à moyen terme. Ils pourraient par contre profiter de taux d’intérêt structurellement plus bas.
Finalement, le bénéficiaire de cette nouvelle querelle européenne pourrait une nouvelle fois être les Etats-Unis, lesquels profiteraient des retombées de ces incertitudes économiques.
Christophe Dispas