Cannes et ailleurs : les jeux d’argent

en souffrance...

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Pierre Casanova (alias Patrick Chos) livrait en juillet 2003 son sentiment sur l’opportunité d’un troisième casino à Cannes. Il considérait qu’un marché atone ne justifiait pas cette ouverture. Depuis, le conseil municipal s’est prononcé et a choisi le groupe Barrière pour mener à bien ce projet. Des questions restaient pourtant en suspens. L’actualité azuréene et cannoise vient nous rappeler à son bon souvenir...




- photo Ernmuhl, juillet 2006 -

  • Juillet 2003. Les dés semblent aujourd’hui jetés sur l’attribution du troisième casino cannois au groupe Barrière. Certes cette attribution ne démontre pas qu’il est opportun d’ouvrir cet établissement mais il n’est plus temps de commenter cette décision et il n’est pas encore l’heure de faire des additions. On peut toutefois tenter de savoir si cette décision est applicable. Grâce à un dossier bien ficelé, Barrière a raflé la mise en présentant aux élus cannois  un bail signé avec le groupe Gaon, actionnaire majoritaire du Noga Hilton. Le groupe Partouche qui avait choisi le même lieu d’implantation considère pour sa part qu’il est propriétaire du bail commercial du Grand Casino Riviera depuis le mois d’août 1999. Il appuie sa revendication en joignant aux débats un document signé avec Jean Rouch, qui avait lui-même acquis ce fond par le biais d’une société luxembourgeoise en février 1999. Si la justice s’est prononcée et se prononcera encore sur le caractère licite du titre de propriété du groupe Partouche, nul ne conteste que, pour le détenir, il a versé la somme de 45 MF. Qui peut imaginer que les choses vont en rester là ? Ce n’est pas l’affaire de la municipalité et ce n’est pas l’affaire de Barrière. C’est pourtant bien l’affaire de quelqu’un. De Jean Rouch ? De Gaon ? Il est désormais temps que les deux voisins helvétiques remettent à l’heure leur coucou. La Commission supérieure des jeux n’aime pas les situations ambiguës. Du  règlement de ce litige dépend le versement des premiers  loyers et la perception des premiers prélèvements. Du  règlement de ce litige dépend, bien sûr, la sérénité souhaitée par toutes les parties dans le monde des jeux cannois. 

  • Accor-Casinos : persiste et perd. Le groupe Accor-Casinos paraissait à l’origine le mieux placé pour rallier les suffrages des élus. Il offrait la possibilité à la ville de Cannes d’afficher les trois plus belles enseignes françaises d’un bout à l’autre de la Croisette. S’obstinant à proposer l’ex Casino des Fleurs, malgré un premier refus, il n’a convaincu personne. Il se consolera en observant la bonne santé de son établissement mandelocien. Le compromis sur l’ancien Casino des Fleurs est désormais résilié et l'avenir de la verrue de la rue des Belges reste incertain. Une enseigne de la grande distribution pourrait faire des propositions. A condition, bien sûr, que le  propriétaire veuille bien revoir à la baisse ses exorbitantes prétentions.
  • Banque à tout va. Les murs de la Banque de France seront mis en vente après une estimation des domaines. Ce dossier ne se réglera pas en quelques jours. Le traitement du problème humain exige que rien ne se fasse dans la précipitation. Dès lors, qui pourrait se porter acquéreur ? On pense d’emblée au voisin Majestic Barrière. Mais, à trop montrer son empressement, il prendrait le risque de faire monter les enchères. Bien sûr une telle superficie jouxtant l’hôtel a de quoi séduire. Pourquoi ne pas imaginer un transfert du Casino Barrière de Cannes Croisette et ainsi lui faire économiser un loyer annuel d’environ 1,8 million d’€ ? La ville récupérerait immédiatement 3800 m² sans dépôt du moindre permis de construire et le groupe Barrière réaliserait son premier Casino-Palace face au Palais des Festivals. Mais cette vision est presque trop parfaite. Les locaux de la Banque de France occupent plusieurs étages. C’est une superposition de planchers de 400 m²  dont les principaux niveaux sont en sous-sol. Beaucoup d’espaces certes, mais une configuration bien différente du Casino Barrière actuel. Seul casino de plein-pied de Cannes, il doit une partie de son succès à cette originalité. Les clients de Casino n’aiment ni monter, ni descendre, ni trop marcher. De plus, la ville de Cannes peut-elle se passer du  loyer du Casino ? Le dilemme est de savoir si, dans cette nouvelle surface récupérée, il est possible de dégager une marge brute aussi importante. Gageons que la réponse est déjà affichée sur la calculette des gestionnaires du Palais.
  • Alors que faire d’un tel espace ? Le Majestic Barrière ne bouderait pas son plaisir si le room service lui glissait dans la corbeille des viennoiseries un titre de propriété. Bien équipé depuis peu en salles de réunion, il sait que la clientèle haut de gamme réclame de plus en plus de suites luxueuses. Il pourrait ainsi hausser son pourcentage dans ce secteur et rejoindre le Carlton et le Martinez. Pour financer en partie ce projet, pourquoi ne pas imaginer qu’il poursuive sa politique de construction et de location de boutiques ? Enfin, l’acquisition d’un tel espace pourrait donner à sa prestigieuse enseigne, le Fouquet’s, un emplacement royal. Ce ne sont là que des suppositions que bien des choses peuvent bouleverser. Un acquéreur surprise ? Une modification de la réglementation des jeux ? Des recours ? Mais le pire n’est jamais certain…