Cannes archives : la gare SNCF,

2ème version...

Crédits:
textes par

Les vieux Cannois s’en rappellent encore. Un maire visionnaire changea le visage de la ville en couvrant la ligne de chemin de fer qui la traversait. Il s’appelait Bernard Cornut Gentille. Il devait aussi modifier le profil de La Croisette en lui donnant une deuxième voie et en élargissant les plages.



Les établissements Parachini, une des plus vieilles enseignes cannoises, ont pris l’habitude de choisir pour envoyer leurs vœux de Noël et du Nouvel An, une photo historique de la cité du Festival et des Congrès. Cette année, c’est la gare SNCF, photographiée dans les années 1900 à qui est réservé le premier rôle. Cette gare inaugurée en 1863 est la même que celle que les Cannois connurent et utilisèrent jusque dans les années 1962. Même architecture métallique, mêmes verrières dans le style Eifel de l’époque, et même potence qui s’articula longtemps pour approvisionner en eau les locomotives qui furent à... vapeur.

Gamin, je n’étais pas le seul à m’accouder au parapet du Pont Carnot pour regarder les trains arriver en gare et prendre plaisir à voir l’agitation provoquée. Le remplissage d’eau des réservoirs était un rituel et l’abondante fumée dégagée avait une odeur à nulle autre pareille, synonyme de départs et de voyages... Sans parler du fameux teuf, teuf... Nostalgie de l’enfance !

Puis vient BCG, un maire qui, comprenant qu’il fallait s’adapter aux changements engendrés par l’augmentation de la population et au développement exponentiel de l’automobile, se mit en tête de couvrir la voie ferré pour y faire passer une nouvelle voie ouverte à la circulation. Un travail titanesque qui semblait bien présomptueux pour une ville qui vivait du tourisme quelques mois par an et 15 jours durant le Festival du film. Pour se faire, il fallut d’abord percer sur son côté nord, le quartier historique du Suquet. La gare entièrement reconstruite fut inaugurée en 1975. Adieu verrières, piliers et arcades métalliques ! Adieu le Pont Carnot ! Place aux voitures, aux feux tricolores et plus tard aux cameras de vidéos surveillance...

D’une architecture fade, d’un confort approximatif, cette version 1975 vient de céder sa place à la mouture 2015. Les premiers utilisateurs essuient les plâtres. Comme toute nouveauté, elle subit les critiques dont certaines sont pertinentes mais susceptibles d’amener quelques corrections. La gare fait partie d’un projet qui prend en compte le quartier adjacent et devrait permettre de passer de 3,8 millions de voyageurs par an à ambitieux 6 millions. Budgété à 49 M€, elle se décline en un pôle d’échanges multimodal complet : train, bus, cars, taxis, transports doux et stationnements, (1135 places, 85 dépose-minutes et 40 places 2 roues à proximité immédiate) auquel il faut ajouter un ensemble commercial de 2 500 m2 intégrant un centre de remise en forme, une crèche, des boutiques, une enseigne de location de véhicules ainsi qu’un hôtel 4 étoiles de 125 chambres. Nous sommes bien entrés dans le 21ème siècle !



- Gare de Cannes vers 1880 © Gregory Deryckère -