Pascal Marmet signe un roman

couleur café...

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Roman et aussi précieux document, l’auteur nous entraîne dans un merveilleux voyage aux pays du café. Amateurs de thé s’abstenir...


Si parce que ses yeux sont éteints, le narrateur du roman ne voit plus les couleurs, il les sent et les ressent dix fois, cent fois plus que le commun des mortels. À travers ses perceptions décuplées et une dramatique expérience de vie, il nous fait ici partager ses expériences et son infinie connaissance du sujet.

Comme nous, l’auteur constate que dans l’hexagone, la civilisation du café/bistrot est en voie d’extinction ou pour le moins qu’elle rétrécit comme peau de chagrin. Paris reste une place forte et sera sans doute la dernière à tomber. À Cannes, lieu de mon enfance, les bonnes adresses, lieux de rencontres, ont disparu les unes après les autres. Le Petit Carlton, une institution, les Trois Chopes qui changeront plusieurs fois de nom, le Khédive et tant d’autres qui ont perdu tour à tour leur zinc. Tout ça pour laisser la place à des magasins de fringues hors de prix et des restaurants... Grandeur et décadence !

Raison de plus, s’il lui en fallait, pour que Pascal Marmet fasse l’apologie de cette boisson miracle. Il développe, outre une trame romanesque qui n’est pas sans intérêt, une large panoplie de goûts et de couleurs et nous promène en Colombie, au Costa Rica, de champs d’arabica en champs de robusta, de lieux dans lesquels la dégustation du café est tout un art. Chapitre après chapitre, il nous initie et stimule notre envie d’en savoir plus, et cette connaissance démultiplie notre attachement pour le café, les cafés. On en veut plus, essayer un Maragogype mexicain, un Blue Moutain de Jamaïque, des appareils barbares à pression d’air, à bascule... pour en tirer la quintessence. Et pourquoi ne pas y ajouter du sel marin ou du gingembre comme en Ethiopie, de la cannelle comme au Mexique, de la Cardamone verte comme au Liban ?

Café infusé, à la turque, en capsule, c’est la qualité qui compte, la manière dont il a été transporté, torréfié. Une alchimie dont certains de ses secrets sont ici dévoilés. C’est sûr, après la lecture de ce livre, on ne consommera plus le café de la même façon.

Pour ceux qui sont comme moi, café-café, le livre de Pascal Marmet est un enchantement. Il prolonge le plaisir sans cesse renouveler de sa dégustation. À lire donc, avec pour compagnon un expresso ou deux ! Au Procope ou chez soi, solitaire ou accompagné, le regard distrait par la faune au Flore ou aux Deux Magots, un carnet de notes à portée de stylo et d’inspiration. Tout est bon pour jouir des bienfaits de cette mixture qui, en fermant les yeux (ce que n’a plus à faire le narrateur), nous transporte ailleurs nous amenant à faire aussi, un voyage... intérieur.

Le café, version Marmet, peut empêcher certains de dormir mais jamais de rêver !

 

 

Contribution personnelle, cette carte postale vendue aux troufions dans les années 60 et qui leur permettait de retrancher, jour après jour, le nombre de « jus » à prendre avant la fameuse « quille ». Inutile de dire que le jus était le plus souvent de piètre qualité, voire infâme. Reste la nostalgie de la jeunesse passée...