Politique : le non-cumul des mandats,

pierre angulaire de toute réforme politique...

Le billet d’humeur de Jean-Marie Tarragoni publié sur FaceBook à propos du cumul des mandats de nos élus alimente la polémique et nourrit une suspicion légitime envers nos représentants. Suspicion qu’ils pourraient facilement lever en... renonçant au cumul. Ce qui pourrait contribuer au renouvellement d’une partie de la classe politique. Journaliste d’investigation, rédacteur en chef et propriétaire de l’hebdomadaire Le Standard de Nice et des Alpes-Maritimes (1988-1997), il a déjà fait trembler bien des édiles de la Côte d’Azur. Celui que les Niçois qui s’intéressent à la vie de la cité, appellent encore JMT, a la plume toujours aussi acide :

« La loi sur le non-cumul des mandats parlementaires et chef d'exécutif local sera probablement reculée, et peut-être même abandonnée sous la pression des cumulards du PS... qui feront aussi le bonheur des cumulards de Droite. Ce Pays ne se modernisera jamais. On a transformé nos édiles en professionnels de la vie politique dans un monde qui évolue trop vite pour eux, aussi bien dans les mœurs que technologiquement. On va continuer d'avoir des parlementaires, maires, patron de structures intercommunales, de syndicats divers, de Centres Communaux d'action sociale, etc... Alors que nous savons tous qu'ils ne remplissent pas toutes les fonctions, les délèguent et empochent quand même les indemnités qui vont avec.

Bien sûr ils se sont auto-limités à 8800 € par mois... Mais c'est un leurre. Certaines indemnités et avantages n'étant pas comptabilisés, voire pour certains attribués à un membre de leur famille (cas de certains collaborateurs de parlementaires), et dont le travail est assuré par un fonctionnaire d'une collectivité qu'ils président. Par ailleurs, l'hyper concentration des pouvoirs que procure le cumul de différents mandats locaux empêche la prise de décision avant les élections et comme on est en campagne permanente... il ne se passe pas grand chose.

À quoi cela a-t-il servi de faire voter les militants socialistes qui se sont prononcés très largement pour un mandat parlementaire unique, de l'avoir promis aux législatives et aux présidentielles, d'avoir demander aux élus de s'auto-appliquer cette obligation (réalisée par une centaine d'entre eux quand même au PS), si c'est ensuite pour permettre à quelques gros cumulards de dire merde à tout le monde pour continuer d'empiler fonctions, titres et le fric, car, ne nous y trompons pas... Pour 99% de ceux qui jurent que c'est par souci de représenter mieux leur ville, région ou département, la raison vraie c'est le désir de conserver un cumul personnel. Enlevez-leur l'argent qui va avec le mandat et vous constaterez qu'ils n'ont plus envie de cumuler. Il est assez facile d'ailleurs de savoir ce que pensent les politiques de cette loi sur le non-cumul. Ceux qui ne disent rien pour son application... ne la souhaitent pas! Ils veulent ou espèrent cumuler un jour. »

À un ami qui lui faisait remarquer que l’écrêtement des indemnités auquel les élus sont soumis n’est plus légal, et que le reversement du surplus n’est donc plus possible, Jean-Marie Tarragoni apportait ces utiles précisions :

« L'écrêtement a encore lieu pour les cumuls des parlementaires maires dans les conseils municipaux, généraux et régionaux sur décision de l'organe délibérant. En clair, si un Député ou sénateur maire le propose, il fait voter une délibération et désigne les élus de son assemblée bénéficiant de l'écrêtement sur sa part de rémunération provenant de la collectivité locale qu'il préside. Il peut aussi reverser le trop plein au budget de sa collectivité... mais personne ne le fait. Il est vrai que dans certaines petites communes ou les élus touchent 200 € mensuels, cela peut aider certains à assumer un mandat prenant. L'écrêtement cesse lorsque l'élu n'est plus parlementaire ou décède. Les services de la Collectivité procèdent immédiatement à la cessation de l'écrêtement. »


À la lecture du billet d’humeur de JMT, le très Niçois Christian Gallo en rajoutait une couche :

« Quand on lit 8000 € par mois on croit rêver. Outres les indemnités, on peut rajouter pour certains les logements, les voitures, l’essence, l’assurance, les indemnités de vêtements, le téléphone, et surtout tout le personnel qui va avec : chauffeur, cuisinier, maître d’hôtel, femmes de chambres, femmes de ménages, jardiniers… Comment ces élus du peuple peuvent-ils encore avoir le sens des réalités ? Comment peuvent-ils comprendre que leurs concitoyens ont faim, qu’ils ne peuvent pas boucler leurs mois, qu’ils passent leur temps à vivre de petits boulots en attendant le versement du RSA ?Que connaissent-ils de la vie de leur propres fonctionnaires, non pas les chargés de missions, mais ceux qui, au bas de l’échelle les regardent tous les jours ? Mis à part leur cour qui applaudit à chacun de leurs déplacements et s’empresse de les entourer, ils ne voient pas les regards des autres ? »

NDLR : Jean-Marie Tarragoni ne s’était pas seulement fait connaître à Nice lors des campagnes de Jacques Médecin puis celles de Jacques Peyrat. Il avait aussi fâché en 2007 l’adjoint au maire et directeur de la SEMEC, David Lisnard, à propos justement du montant total des indemnités touché qui le faisait d’après lui, l’élu le mieux payé du département. Il avait aussi eu maille à partir avec le Conseiller général et maire de Mandelieu La Napoule, Henry Leroy (lire ici notre article).