Gastronomie : sur la route du « Sirha »

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deux haltes remarquables...

Tous les deux ans, Lyon accueille la Grand’Messe de la gastronomie internationale au Sirha, plus grand Salon International de la Restauration de l’Hôtellerie et de l’Alimentation, qui détermine les orientations en matière d’alimentation, d’équipement et de décoration. Durant cinq jours, démonstrations, ateliers culinaires, dégustations, shows inédits et concours gastronomiques internationaux se suivent sans interruption, imprimant ainsi les nouvelles tendances pour les deux ans à venir.

 

Si ce « temple » de l’Art de Vivre à la Française est réservé aux professionnels des métiers de bouche, il intéresse néanmoins le grand public car c’est là qu’émergent les nouvelles options de la restauration : les nouveautés seront demain dans les magasins d’alimentation, les restaurants et chez les cuisinistes. Bien sûr, les chefs de cuisine, confrontés à cette évolution viennent en nombre important : 10 500 du monde entier (130 pays représentés) qui arpentent les 11 hectares d’Eurexpo répartis en 17 gigantesques pavillons occupés par 2 500 exposants.

Plus de 1 000 journalistes des grands médias de 136 pays couvrent l’évènement pour informer leur lectorat de ce qu’ils vont trouver dans leurs assiettes. La grande tendance est résolument « bio ». Des grandes entreprises industrielles comme Bonduelle pour les légumes, Saint-Jean pour les ravioles… aux artisans (quenelles, pains, fromages) et autres éleveurs (viandes et volailles), tout le monde veut surfer aujourd’hui sur la vague verte et se labelliser AB.

À noter également l’importante présence des producteurs de caviar d’élevage français (Sturia, Caviari, Kaspia) mais aussi italiens. Ces sublimes petits œufs se démocratisent pour le plus grand plaisir des amateurs, grâce à des prix en baisse.

Pour la première fois, les vins étaient aussi à l’honneur, avec un pavillon qui leur était consacré : la « Place Aux Vins », ce qui a permis de jolies découvertes. À côté des grandes pointures, des petits domaines souvent familiaux ont proposé de délicieux nectars.

Parmi les nombreux concours, voici les résultats des deux plus importants, qui, entre parenthèse, donnent aux Français une belle leçon d’humilité !

- Le Bocuse d’Or, la plus prestigieuse compétition mondiale, présidé cette année par Yannick Alleno, Bocuse d’Argent en 1999, chef tri-étoilé du Meurice, a été remporté par le Danois Rasmus Kofœd, devant le Suédois Tommy Myllymäki et le Norvégien Gunnar Hvarnes : la gastronomie scandinave est-elle en passe de devenir l’une des meilleures mondiales ? La France, grâce à l’Alsacien Jérôme Jaegle, a obtenu un prix spécial « Viande ».

- La Coupe du Monde de la Pâtisserie a été gagnée par l’Espagnol Jordi Bordas Santacreu devant… l’Italie et la Belgique.

Il faut savoir que pour s’immerger valablement au SIRHA, les deux jours les plus importants sont le lundi et le mardi. Le week-end, il y a un monde fou, et le mercredi, les écoles professionnelles de la région s’y retrouvent, les exposants sont alors littéralement assaillis.

Comme il est pratiquement indispensable pour les professionnels de se rendre au SIRHA, toutes branches d’activités confondues, il y a plusieurs manières de vivre ce salon.

1er cas de figure : on saute dans sa voiture à l’aube, on fait une pose autoroutière pour se restaurer rapidement, à l’aller comme au retour.

2ème cas de figure qui, à mon avis, correspond mieux à l’épicurisme qui préside à ce Salon : quand on vient de la Côte d’Azur, on part la veille, en milieu de matinée, on prévoit une petite halte gourmande grâce aux bonnes petites adresses du Guide Michelin. Et c’est ainsi qu’à une enjambée de l’autoroute, on fait des découvertes tout à fait réjouissantes.

À Salon-de-Provence, exactement à cinq minutes du péage, il faut s’arrêter au « Craponne ». Sur la route principale d’accès à Salon, cette petite maison bourgeoise familiale accueille une clientèle d’habitués. Les boiseries sombres, les murs jaunes citron, le mobilier campagnard créent une atmosphère cossue, agrémentée aux beaux jours d’une petite cour intérieure. On est gentiment reçu par Pascale Demortier, tandis que son chef de mari, Jean-Michel, concocte des plats classiques et ensoleillés, aux cuissons justes, aux saveurs respectées, notamment ses « terrines maisons », dans un menu de midi à 22 €, dimanche et jours fériés compris, et le jeune sommelier propose des vins de petits propriétaires locaux à prix tout aussi doux.

  • Le Craponne – 146 Allées de Craponne – 13300 – Salon-de-Provence – Tel : 04 90 53 23 92

À Montélimar, la démarche est légèrement différente, la ville étant à une dizaine de kilomètres de l’autoroute. Mais que l’on vienne du Sud ou du Nord, l’accès ne prend pas plus de dix minutes. Dans le nouveau quartier au nord de la vieille ville, dans une caserne réhabilitée, Jean-André Charial, le propriétaire et chef bi-étoilé de l’Oustaù de Baumanière, a placé un de ses seconds Albert Boronat i Miro, dans un espace de restauration bicéphale. D’un côté le « gastro », Le Balthazar, avec son menu à déjeuner à 38 €, de l’autre, la brasserie, Jeroboam, au décor résolument futuriste, aux structures métalliques et larges baies vitrées, à la jolie terrasse ombragée de grands parasols, propose une cuisine bistrotière revisitée, savoureuse et ensoleillée, où l’on jongle entre sublime rognons de veau et quenelles lyonnaises, agrémentés de vins du cru, dans des formules à 16 € à déjeuner. Qui dit mieux ?

  
  • Jéroboam – Espace Saint-Martin – 26200 – Montélimar – Tel : 04 75 00 09 00

Pour ma part, avec ces deux exemples parmi tant d’autres, amoureuse de l’art de vivre, je n’hésite pas ! C’est sûr, nous sommes tous pressés, avec des contraintes, mais cela vaut tellement le coup (et le coût) de prendre le temps de vivre agréablement… !

Brigitte Brunot