Nice et Cannes : les nouveaux contre les anciens...

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en politique, les perdants ont toujours tort.

En politique, les nouveaux élus ont tendance à faire porter le chapeau aux anciens élus, qu’ils font volontiers passer comme les grands responsables des difficultés présentes, d’un budget difficile à boucler, d’une dette exorbitante. C’est ce qu’ils appellent « l’héritage ». À Nice et à Cannes, ce type de discours trouve écho. Les autres, ce sont les méchants, ils ont fait tant et pire. Comme ce ne sont que des ouï-dire qu’aucune preuve ne vient étayer, on est souvent à deux pas de la calomnie. Quand cela reste entre moi et vous… ni vu ni connu je t’embrouille, mais lorsque la petite phrase débouche sur le réseau Internet ou dans la rubrique d’un quotidien local, cela provoque des réactions en chaîne et finit parfois devant un tribunal.

À Nice, la petite phrase publiée dans Nice-Matin n’est pas passée inaperçue. Celle dans laquelle Benoit Kandel affirmait qu’« il n’est plus nécessaire pour obtenir une terrasse publique d’apporter une enveloppe au maire ». Le premier adjoint du maire a raison de nous dire que cette pratique n’est pas usitée au sein de la municipalité dont il fait partie. Par contre, laisser entendre qu’il n’y a pas si longtemps, il fallait en passer pas là, n’est pas du goût de l’ex-maire, Jacques Peyrat, qui se sent bien évidement droit dans la ligne de mire, surtout depuis qu’il est remonté au créneau et qu'il a annoncé son intention d’être présent lors de futures échéances électorales…

L’ancien sénateur-maire de Nice et… avocat, a donc porté plainte en diffamation. Il vient de remporter un second succès contre Benoit Kandel et contre le journal Nice-Matin qui avait relayé, le 26 mai 2009, la phrase contestable et contestée. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a ainsi confirmé, ce 20 septembre, le jugement en première instance qui lui donnait raison.

Jacques Peyrat se réjouit de cette décision qui sanctionne un homme public imprudent. À la décharge du fauteur, il faut avouer que, par les temps qui courent, non seulement il est nécessaire de faire preuve de discernement mais aussi de retenue. Ces derniers mois, beaucoup d’autres hommes politiques français et étrangers l’ont appris à leurs dépends et, soit se sont vu traînés devant des tribunaux, soit ont fait la joie du Canard enchaîné et de ses fidèles lecteurs ou ont terminé en marionnettes aux Guignols de l’info sur Canal… Ils avaient eu le malheur que leurs paroles aient été captées par un petit malin muni parfois d'un minuscule enregistreur ou d'un vulgaire téléphone portable.

Malgré ce succès spectaculaire, Jacques Peyrat s’étonne que le juge d’Appel n’ait pas cru bon de confirmer la condamnation du Tribunal Correctionnel de Nice qui avait ordonné « la publication du jugement dans Nice Matin, au même endroit et dans les mêmes caractères que les propos incriminés ainsi que dans trois autres journaux au choix. » Le simple bon sens aurait voulu que les lecteurs de la phrase puissent au minima, avoir connaissance des prolongements judiciaires à laquelle elle avait donné lieu, dans les mêmes colonnes où ils l’avaient lue. Le juge estimerait-il que le journal n’a fait que rapporter les paroles d'un personnage public, paroles n'impliquant que ceux qui les lisent ? Si les médias ne peuvent plus relayer les déclarations et les verbatims des élus, sans vérifier au préalable la véracité de leurs dires, la rubrique « politique » risque de sérieusement rétrécir…

Nous ajouterons, que la direction de Nice-Matin ne devrait pas avoir besoin d’un jugement pour publier cette… information, puisque c'est justement un journal d'informations. Dans ce cas, il s’agit pour elle de respecter un principe déontologique de base et qui touche à sa profession. Si elle se défilait, elle laisserait supposer une allégeance quelconque au pouvoir en place. Ce qui bien sûr n'est jamais le cas !

  • Jacques Peyrat aura l'occasion de s'étendre sur ce sujet et sur bien d'autres lors de la réunion qu'il organise dans le cadre de la rentrée politique du mouvement qu'il a créé, l’Entente Républicaine. Le rendez-vous est fixé ce lundi 27 septembre, à partir de 18 h 30, à l’Hôtel Aston… Nice.

À Cannes, on fait dans la même veine, sans pour cela avoir à passer devant les tribunaux. Son député-maire, Bernard Brochand, avait marqué lors de sa première campagne aux municipales, sa profonde animosité envers les membres de l’équipe précédente, du moins ceux qui avaient travaillé pour Michel Mouillot. Dans cette caverne d’Ali Baba qu’était devenue à ses dires, la ville, pleine d'oligarques russes et d'émirs du Moyen-Orient, il les désignait volontiers comme « les quarante voleurs ». Ne vous méprenez pas, les voleurs, ce ne sont pas les oligarques ou les émirs mais des élus de la République. Un mandat et demi après, le discours du maire n’a guère changé. À la Closerie des Lilas, assis à la table du journaliste de VSD, le 22 septembre dernier, Paul Wermus, en compagnie de Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, de l’avocat Jean-Marc Fédida et de l’animateur TV, Jean-Marc Morandini, Bernard Brochand affirmait que « Cannes, c’est un budget de 450 millions €, une caméra pour trois cents habitants. N’oubliez pas que cette ville était corrompue et corruptrice. » Bien sûr, c’est cette petite phrase qui interpelle… Reflète-t-elle vraiment la réalité ?

Le Niçois Benoit Kandel, au nom du ministre-maire, Christian Estrosi, et l'international cannois Bernard Brochand, mènent apparemment le même combat sécuritaire et le même combat pour une ville exemplaire en matière… d’incorruptibilité !