Hey Hey My My : du folk mélodique au rock électrique :

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Catégorie Les Arts au soleil

Avec son nouvel album étonnant, le quatuor parisien continue sa tournée.

En 2007, la tempête folk s'abattait sur la France. Ce folk en anglais originaires d'Auvergne, Paris ou d'ailleurs n'a pas attendu la fin de l'année pour recevoir les honneurs des critiques, aux Victoires de la Musique, et du public, en étant programmé aux plus populaires des festivals notamment les Francofolies de La Rochelle.

Aujourd'hui, 3 ans après, Yael Naim, après son succès et sa tournée mondiale triomphale, prépare son nouvel album ; Cocoon, qui a quitté le petit label indépendant de ses débuts, Sober & Gentle, pour le monstre Barclay, tourne le clip de leur prochain tube à Belle-Ile. Hey Hey My My, pour sa part, est sur la route pour leur deuxième album "A Sudden Change of Mood".

On se souvient de leur premier album éponyme glacial, par sa pochette, et de leurs mélodies entêtantes dont le single "I need sometimes" qui avait tourné pas mal de temps en radio était la parfaite illustration. Les temps ont-ils changé que le quatuor propose un nouvel album éclectique, énergique et résolument rock'n roll. Pas si sûr car c'est entre deux concerts de leur trio punk de l'époque, British Hawaii que Julien Gamier et Julien Gaulier enregistrent des ballades décontractées sous le nom, inspiré par Neil Young, de Hey Hey My My.

La récréation du dimanche prend très vite la tournure que nous connaissons : concerts, tournées et même mise à l'honneur dans le film de Xabi Molia avec Julie Gayet et Denis Podalydès, 8 fois debout, où le groupe apparaît même en live. Alors, quand la question du deuxième album se pose, le groupe réagit vite ; il sera entre pop folk et rock punk. Un mélange trop ambitieux ? Loin de là. Dès le début, la combinaison est détonante. "We Go" commence à peine et déjà l'auditeur reçoit une claque car la variété est déjà présente… dans un même morceau ! Un début chuchoté, une fin plus rock quasiment en choral, la machine est partie et les compositions courageuses et bien menées ne cesseront pas. Tantôt pop à la Supertramp, comme sur "Not Fun Anymore", tantôt le chant cassant la mélodie pour un effet "bœuf" sur "Jazzol". C'est quelque fois plusieurs influences qui viennent se mélanger comme dans "Pool" : un peu comme si Cake chantait dans une composition de Grandaddy qui se serait mis au punk. "Meant to Last", morceau pop plus classique et à l'ironie ravageuse, a tous les ingrédients pour être un tube : refrain simple, "lalala" répétitif mais efficace.

Cela tombe bien car le single commence déjà à tourner sur les radios, accompagné d'un clip énigmatique et amusant. C'est alors qu'une petite respiration enchanteresse retentit dans cet album punchy. Entre chanson vintage de Paul Mc Cartney auquel le quatuor voue une admiration sans borne et composition de Revolver, trio français qui a enregistré, comme les Hey Hey My My, leur admirable album au Studio Pipo, "Hopeless Girl" est une ballade comme on en fait encore rarement dans la pop française. L'ambiance est-elle trop calme que les accords de guitare deviennent subitement plus forts ? Le groupe enchaîne les morceaux puissants sans relâche mais toujours aussi diversifiés.

La révolution punk pour renouer avec leurs premiers amours est de retour avec "Groove Combat" où les guitares se disputent les riffs mélodiques. L'album va crescendo avec "oh lord!", composition qui pourrait même rivaliser avec l'alternatif rock des White Stripes… quelques décibels en moins ! Changement de décor : une mélodie à la guitare bien chantée, un rythme saccadé, une voix éloignée; "Go to Hell" s'égare sur le chemin de l'électro pour donner une chanson pop toute en retenue mais à la composition magistrale comme Phœnix.

La pop ensoleillée persiste jusqu'à la fin de l'album notamment avec "the next bar", rappelant quelque peu "Two Door Cinema Club", et "You look all the same". Mais derrière les mélodies sucrées et ces chansons rayonnantes, tout n'est pas si rose et si on écoute de plus près les paroles anglo-saxonnes narrent des historiettes douces amères. Le meilleur exemple est sans doute la chanson qui clôt l'album, "Xmas day", une chanson entêtante qui se termine si brusquement qu'on reste un peu sur sa faim. Une chanson cachée vient satisfaire les musicophiles gourmands avec un duo féminin, singulier, un rien désuet avec un clavier plus "piano bar" que synthétiseurs. Le groupe musicalement mouvant se produit ce soir à Grimaud dans le cadre de la Plage du Rock après General Elektriks et en première partie des Dandy Warhols. Une variation musicale sans changement d'humeur !