Pete Doherty : Les gens l’appellent « l’idole des jeunes »...

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Catégorie Les Arts au soleil

Trublion du rock à la « Fêlure » masquée !

Alors que les mésaventures médiatiques et médicales de la « rock star préférée des français », Johnny Hallyday, ont cessé, l’enfant terrible du rock anglais refait parler de lui… dans les tabloïds. Bras bleutés, mine fatiguée et hygiène douteuse, le chanteur qui a dernièrement renoué avec Carl Barat, autre ami/ennemi, leader des Libertines, son premier groupe, donne-t-il un coup de grâce à son renouveau artistique ?

Pourtant, lors de son passage, en septembre dernier, à Cannes avec son dernier groupe « Babyshambles », Pete Doherty avait bien été fidèle à son image de symbole d’une nouvelle génération rock. Les jeunes, « sponsorisés » par Kooples ou Zadig et Voltaire, s’étaient alors pressés en bas des marches rouges du Palais des Festivals avant la rencontre avec leur idole comme avant une bataille. Des cris, des essais de briquet et du brouhaha avaient accompagné leur arrivée dans la salle mythique cannoise et la première partie des « Dum Dum Boys » n’avait en rien calmé les ardeurs et les attentes des groupies et des fans qui, pour beaucoup, avaient snobé les vocalises du groupe français. Les espérances sont hautes et minces tellement on attend l’habitué des annulations de concert de dernières minutes. Les jeunes filles surexcitées, les jeunes en pèlerinage, donnent l’impression d’avoir fait un bond dans le temps, à une époque où Cloclo surchauffait les foules jusqu’à leur faire casser les fauteuils roussis. Et pendant que le célèbre drapeau britannique est accroché sur l’ampli et que le noir se fait sur une chanson des Rutles, les questions vont bon train : Viendra-t-il, ne viendra-t-il pas ?

Le libérateur arrive avec un doigt vengeur sous les hourras de la foule. Cravate rouge et chapeau noir, la classe de l’icône controversée de la jeunesse contraste avec la décontraction de ses musiciens. Enchaînant sans problème avec un jeu électrique, les premiers titres de ses 2 albums « Down in Albion » et « Shotter’s Nation », le chanteur dandy possédé s’accorde une pause communautaire en demandant au public de marquer le rythme des morceaux. Le spectacle de bonne tenue mélange toutes les facettes du personnage public et quasi théâtral : les danseuses classiques en tutu aux faux airs de Kate Moss, les envois de sous-vêtements dans l’indifférence totale et le jeu de scène mi-chanteur, mi-musicien « vomissant ses tripes » comme un slameur feraient presque oublier les frasques alcoolisées du chanteur. Les vices reviennent tout de même vite lorsque le chanteur allume une cigarette, en plein pic de la loi Evin, vide sa bouteille de rosé ou joue des percussions avec son micro. Mais le plus étonnant reste à venir lorsque, savourant la chaleur de deux fans montées sur scène, le chanteur excite les foules en leur demandant d’imiter les deux jeunes filles. La sécurité est vite dépassée par ce flot adolescent qui se rue sur leur idole pour lui voler un souvenir : son chapeau, un pan de vêtement ou un baiser ! Alors qu’un amas de personnes se meut entre les rideaux rouges, un message inquiétant résonne « nous ne sommes pas en sécurité ». Quand cesse cette bataille d’Hernani, le manager timide et gêné vient quémander une baguette pour… reprendre le spectacle.

C’est après ce remue-ménage que le chanteur, l’oreille en sang, et son groupe revenus sur les planches enchaînent « Delivery » et « Fuck Forever », tubes si représentatifs de la soirée tandis que les irréductibles fans retentent une percée vers les projecteurs et contre l’avis de la sécurité ! Les groupies partent ravies avec un souvenir, une baguette ou une serviette souillée par le chanteur ; quant aux mélomanes, ils ont déjà quitté la salle, déconcertés et outrés devant ce spectacle clairement rock and roll !

Et l’homme dans tout cela ? Certains retiennent ses frasques avec Amy Winehouse, d’autres ses déclarations nébuleuses, les derniers plus lucides préfèrent fixer un portrait contrasté et en demi-mesure. Car les photographes se sont intéressés de très près au phénomène musical si soucieux de son image. Loin des clichés de mode, Eva E. Davier a suivi pendant près de 2 ans, appareil photo à la main, le chanteur fantasque lors de ses concerts en bande, avec les Babyshambles, ou en solo. Cette jeune photographe lyonnaise spécialiste des concerts de rock - elle compte déjà à son actif des clichés transpirants de Franz Ferdinand, Camille, Bombay Bicycle Club ou encore des Hushpuppies - présente une exposition atypique aux Disquaires à Paris le 24 juin prochain. Si la fascination pour l’idole rock semble évidente pour les passionnés du genre, la rencontre avec la star du milieu underground n’a été que pure conséquence du hasard, pour cette artiste, et le sujet plutôt éloigné de ses portraits féminins dans leur intimité. Quand, lors du Festival Papillons des Nuits 2008, entre quelques photographies des Hives, The Do, Alexandre Kinn ou alors Kim Novak, dont elle assurait les relations avec la presse, elle immortalisait pour la première fois les postures de Peter Doherty et ses collègues, elle était à mille lieues de s’imaginer l’importance musicale que les Libertines avaient dans le paysage musical de l’époque ni qu’ils vont être ses modèles favoris pour un certain temps !

Alors, de salle de salle, et de Festivals d’été en autres, la photographe apprivoise l’image de la bête médiatique et, sans le savoir, arrive à capter les traits du chanteur charismatique capable de mettre en transe des foules mais aussi de ces moments plus fragiles où le masque tombe et l’âme fêlée du chanteur maudit se dévoile derrière les jeux de comédie.

Le portrait intimiste et rare de ce personnage singulier s’accorde à la perfection avec cette exposition atypique qui se décline en musique et… quelques heures seulement !

Cette 2ème « exposition éphémère » et musicale organisée aux Disquaires sera rythmée par les I Am Not A Jukebox, les Miggles Christ qui joueront même quelques morceaux des Libertines et des Babyshambles et les Hot Chixx, remplaçantes de Caroline Duris Métatechno. Le duo des DJettes parisiennes, de Victoria Frangie Frœhly, batteuse du groupe Miggles Christ, et Manon Manœuvre, fille du critique rock, ont déjà mis le feu en after de nombreuses soirées d’Adanowsky comme de… Pete Doherty ! Ce dernier qui a gardé précieusement le souvenir photographié du Festival de Montreux ne sera sans doute pas de la fête mais son esprit y planera toute de la soirée. Si comme pour la photographe, cet art « c’est avant tout raconter des histoires » et que ses clichés vous donnent envie de continuer l’histoire sur scène, nul doute que les concerts anglais ou même niçois (au Théâtre de Verdure), lors du Crazy Week de juillet, auront vos préférences !