Cinéma : avant les meilleurs, les pires

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« Qui aime bien, châtie bien ! »

En prélude au Festival de Cannes, sensé encenser les meilleurs acteurs et réalisateurs, les incorrigibles et incorruptibles Frédéric Royer, Arnaud Demanche et Stéphane Rose, ont décerné les Gérard du Cinéma dont ils sont les créateurs. L’idée est délicieusement géniale même si c’est un copié-collé d’une autre cérémonie, américaine celle-là, les Razzies Awards. Elle prend à contre-pied les mauvaises habitudes qui règnent dans le monde de la culture, du showbiz et du cinéma. Un monde où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, un monde où on s’aime, où l’on se bise, où l’on s’étreint, où l’on se baise…

Cinquièmes du nom, les Gérard du Cinéma se sont déroulés en pleine folie, le 10 mai dernier, à Paris au Théâtre des Matuvu, à moins que ça ne soit des Mathurins. Les parpaings barbouillés d’or ont été remis à une longue liste d’absents dans une salle bondée d'un public de connaisseurs habitués à rire des autres plutôt que de lui-même.

- Audrey Tautou, Gérard avec Anne Fontaine pour sa prestation dans Coco avant Chanel… (photo Chopard) -

  • Sergi Lopez a hérité ce soir-là du parpaing de l’acteur qui vient manger le pain des Français ;
  • Coco avant Channel, de Anne Fontaine fut couronné film avec des petits chiens ou des grosses chiennes ;
  • La Baltringue avec Vincent Lagaffe, de la grosse comédie qui tâche comme on en tournait du temps des Charlots avec Paul Préboist et Alice Sapritch, sauf qu’on est en 2010 ;
  • Carole Bouquet dans Protéger et servir, fut la Madame la grande actrice qui va s’encanailler dans une comédie de ploucs pour casser son image de vieille bourgeoise coincée du cul ;
  • Gainsbourg avec Eric Elmosnino en est devenu le film pas nul mais pas bien ;
  • Anna Mouglalis a, sans beaucoup de concurrence, obtenue le parpaing décerné à l’acteur qui a un nom de maladie ;
  • Mademoiselle Chambon, avec Sandrine Kiberlain, une meuf qui fait moyennement envie, et du coup le film, bah, c’est pareil ;
  • Kad Merad est l’acteur qu’on aime bien, mais on en a un peu marre de voir sa gueule partout ;
  • Ne te retourne pas, de Marina de Van récupère le titre envié du titre le plus gay ;
  • Une semaine sur deux (et la moitié des vacances scolaires) avec Mathilde Seigner, récolte le scénario vraisemblablement adapté d’un article de Marie-Claire ;
  • Manu Payet, dans RTT est l’acteur dont on espère qu’il n’aura jamais de premier rôle quand on voit comment il se débrouille avec les seconds ;
  • Luc Besson avec Arthur et la vengeance de Maltazard parce qu’il est le réalisateur qui continue à faire des films en toute impunité malgré un CV déjà passablement chargé ;
  • Banlieue 13 ultimatum de Patrick Alessandrin , le film que quand tu vas le voir, dans la salle t’as l’impression d’être dans un wagon du RER D, un samedi soir à Villiers le Bel ;
  • Arielle Dombasle dans… rien parce qu’elle est l’actrice dont le mari s’est tellement couvert de ridicule que ses réseaux ne lui permettent plus le moindre rôle, pas même un tapin dans le film de Lagaf ;
  • Valéria Bruni-Tedeschi dans Les Regrets parce ce qu’elle est l’actrice qui ne bénéficie définitivement pas des réseaux de son beau-frère ;
  • Virginie Efira dans Le Siffleur, un vrai désespoir féminin ;
  • Frank Dubosc dans Cinéman, son homologue au masculin ;
  • Cinéman de Yann Moix enfin, qui reçoit le Gérard le moins envié, celui du plus mauvais film.

Comment perçoivent les lauréats de ces parpaings lorsqu’ils les reçoivent en pleine figure ? Apparent, ils rient jaunes et se gardent bien de se montrer, prouvant par A plus B, que la comédie et l’humour ne sont pas leur fort… Aux US, certains pourtant n’hésitent pas à faire contre mauvaise fortune bon cœur. Ainsi Sandra Bullock était venue chercher son prix aux Razzies Awards, en mars dernier… une délicatesse qui l’honore ! Mieux vaut en rire qu'en pleurer, n'est ce pas ?