Alpes-Maritimes : un sacré chœur au cœur des montagnes.

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La chorale montagnarde des Valdeblourenco a présenté ses nouvelles chansons dans l’église de Saint-Dalmas.

Les Américains croient avoir donné le ton en filmant la chorale insolite, énergique et religieusement incorrecte de « Sister Act » mais ce sont les « Compagnons de la chanson », des Français, qui avaient innové dans les années 40 en commercialisant des mélodies traditionnelles ! Si l’hexagone entier s’était enflammé pour « Les choristes » en culottes courtes cinématographiées et avait remis au goût du jour cette vieille tradition musicale, certains n’ont pas attendu ce retour de mode pour chanter en harmonie.

Loin de ce tumulte médiatique, sur les hauteurs de Nice, le village de Valdeblore, lassé de recevoir les chorales de la ville, décida, un jour, de créer sa propre chorale de montagne : la « Valdeblourenco ». Depuis 10 ans, Jean Monti a pris les rênes de ce chœur préférant « Cansoun dau buosc » au très chanté « Oh happy day ! » Avec un répertoire inspiré par les chants du Comté de Nice et des Pays d’Oc, il n’est pas étonnant de le voir briller aux « Folies des lacs » ou dans la vieille ville niçoise.


- l'église de Saint-Dalmas -

Malgré leur expérience, à quelques heures de la présentation annuelle du nouveau répertoire, le stress est palpable dans la crypte de l’Eglise Saint-Dalmas, aménagée pour l’occasion en coulisses du « Bercy de Valdeblore » ! Toute la montagne participe à ce projet chantant et Fernand Blanqui, maire du village participe même à une annonce coupe portable. C’est après ces propos chaleureux du maire, que les 15 choristes de la Valdeblourenco prennent place dans la nef fraîche de l’Eglise Sainte-Croix. Mené à et par la baguette du chef d’orchestre imposant et respecté, l’auguste groupe de rouge et noir vêtu enchaîne les chants de la montagne et les anecdotes sur le patrimoine local. Les choristes se donnent cordes vocales et âme chantante et osent même se dandiner provoquant ainsi une légère ondulation de l’arc de cercle chantant ou respirant au moment adéquat, faisant alors tressaillir la masse humaine.

L’homme en noir, le chef, agite ses doigts enchanteurs telles des baguettes magiques auxquelles les voix répondent harmonieusement. Cet homme « merveilleux » réussira-t-il le miracle de recycler le répertoire du passé en le remettant au goût du jour ? Défi relevé… et à deux reprises ! Si sur le papier, le programme est quasiment identique à celui de l’année dernière, c’est à quelques chansons ajoutées que l’on doit ce terme de « nouveau répertoire ». L’adaptation d’airs connus en patois, tel que « Je viens du Sud » par Adolphe Viani, membre actif de la chorale, supplante Chimène Badi haut la main et en tout point ! La chorale montagnarde ne s’arrête pas là et ose même s’attaquer à des classiques : Verdi et Bizet.

Le public s’amuse et bat le rythme pendant la joute verbale entre hommes et femmes de « l’Air du Toréador ». Les femmes en profitent pour jouer de leur robe et de leur éventail, tant qu’à être Carmen autant l’être avec de bons accessoires ! « Va Pensiero », le chœur des esclaves gagne, pour sa part, en intensité sonore mais pas encore en émotion. Celle-ci naît avec « Canta », chant corse qui réjouit le chef de chœur fier de son île de beauté. Jean Monti s’offre même un solo à la guitare lors ce morceau qui fait résonner les murs de l’édifice.

La chorale n’oublie cependant pas la fonction sacrée et principale de son lieu de représentation en proposant « Si laude Maria » et « Dio vi salvi Regina », Ave Maria corse et niçois mais aussi des morceaux de Beppi di Marzi, compositeur et chef de chœur italien. La chorale finit son récital devant une Eglise pleine à craquer avec un « mesclun » et non un pot pourri, un hommage aux « Poètes Disparus » que sont Trénet, Nougaro, Brassens, Brel, Salvator et Bécaud. Le chef de chœur somme le public de reprendre… en cœur les chansons mythiques, ce n’est que supplication vaine car les spectateurs nocturnes entonnent spontanément « Les copains d’abord » ou « Quand il est mort le poète ».Le public est aux anges et scande « une autre ! ». Le chef de chorale ne se fait pas prier et encourage les chorales de Lantosque, de La Tinée ainsi que les Anciens et le Maire, venus en spectateurs, à se joindre à la foule chantante pour harmoniser « la Montanara ».

Ainsi se clôt le spectacle de la Valdeblourenco. Les répétitions incessantes n’ont pas été vaines pour ces chanteurs du dimanche grisonnants. Celle qui dénote dans cette chorale de joyeux montagnards d’un certain âge, c’est Sabrina, lycéenne de 17 ans. Plus habituée à chanter Leona Lewis et Céline Dion, la jeune fille prend sa collaboration dans la chorale comme un loisir du week-end au même titre que le judo ou le karaté. Un passe temps qui a amené, tout de même, la chorale de Saint-Dalmas Valdeblore devant la cathédrale niçoise le 6 septembre et le 29 décembre pour le festival de Noël à Valdeblore mais aussi à traverser la frontière jusqu’en Italie fin septembre. Tous pourront alors s’écrier : "Que le chant de la montagne est beau" !