Festival de Cannes : “Up” and down…

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Pour l’ouverture les bons sentiments font recettes.


- Dis, t'as vu ma gueule ?

Un dessin animé grand public en ouverture et en relief en plus, avec pour la version française, la voix de Charles Aznavour, à quoi on joue, à quoi ça rime ? J’oubliais, on ne doit plus dire « en relief », mais dire en 3D, c’est plus politiquement correct, allez savoir pourquoi ! Et Aznavour qui…donne sa voix moyennant finances, çà veut dire quoi, qu’il prend le job à un autre intermittent du spectacle qui n’arrive pas à faire son quota d’heures annuelles pour pointer au chômage ?

« Up » le film réalisé par Pete Docter et Bob Peterson, des bons sentiments, en veux-tu en voilà, ça dégouline de partout, on se croirait à Disneyland. À propos de Pete et Bob, on parle plutôt des studios Pixar, la vraie vedette. Et les lunettes pour voir en trois dimensions, pardon, en 3D, quel encombrement, nous voilà 20 ans en arrière, bientôt on nous distribuera des écouteurs, comme en avion comme pour un vol transcontinental… On n’arrête pas le progrès !

Enfin, il fallait bien commencer le Festival. Edouard Baer a fait de son mieux pour animer une bien pâlotte cérémonie d’ouverture au cours de laquelle « l’immense et géniale » Isabelle Huppert apparue peu enthousiaste, un peu éteinte même. Mais faisons lui confiance, elle sera une très bonne et appliquée présidente du jury.

À la Quinzaine des réalisateurs, Francis Ford Coppola fit le spectacle en venant présenter son film « Tetro ». Je me suis demandé d’abord s’il manquait un h et un a. Apparemment non. Francis qui ne roule pas qu’en Ford, affirme que chaque personnage c’est un peu de lui. On en redemanderait pour le coup !

Début de polémique. Il en faut une chaque jour, sinon, on s’endort et puis c’est la raison de vivre de la moitié ou plus des 3000 journalistes qui hantent le Palais, qui courent de projection en projection, de conférence de presse en conférence de presse, de cocktail en cocktail, qui disent qu’ils ont vu les films, qui font des pieds et des mains pour avoir une invitation et côtoyer quelques mannequins anémiques et quelques vedettes cantonnées, non pas Cantona, dans les quartiers VIP, entourés de molosses en smoking !

Oui, Coppola, ne s’est pas gêné pour dire à qui voulait l’entendre, c'est-à-dire à quelques uns des… 3000 journalistes - il avait vraiment le choix – qu’il était très fier de son film – le contraire eut été étonnant mais au moins ça aurait fait un buzz - que ce voyage sur la Croisette avait un petit goût de déception. Pas sélectionné pour concourir alors qu’il le souhaitait, il n’avait pas forcément apprécié le Prix de consolation que Gilles et Thierry lui avaient concocté : une soirée de gala, style hommage aux grands, aux très grands, à ceux qui ont déjà beaucoup dit, écrit, filmé, joué et qui n’ont plus grand chose à dire, filmer, écrire, jouer… avant dernier ou dernier hommage à ceux qui ne sont pas encore morts, mais ça ne va pas tarder et il vaut mieux quand même… profiter encore une fois d’eux… pour ne pas avoir le regret d’avoir manqué une ultime poignée de main. Pour pouvoir dire : oui, j’y étais !

Bon, demain il fera jour, demain il fera Festival !