Monaco : la France de proximité cherche ses limites…

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L’occasion de faire le point en attendant d’en savoir plus sur les intentions de Nicolas Sarkozy.

La Commission chargée des questions locales de coopération transfrontalière entre Monaco et la France s’est réunie pour la troisième fois, hier vendredi, à Nice. Présidée par Jean-Paul Proust, Ministre d’État monégasque, elle est co-présidée par Francis Lamy, Préfet des Alpes-Maritimes et par Odile Remik, Ambassadeur de France à Monaco.

La délégation Française était notamment composée d’Éric Ciotti, Président du Conseil Général, de Christian Estrosi, Président de la communauté urbaine Nice Côte d’Azur, de Jean-Claude Guibal, Député-Maire de Menton, de Patrick Césari, Président de la communauté d’agglomération de la Riviera Française ainsi que de Gérard Spinelli, Xavier Beck et Nicolas Bassani, Maires de Beausoleil, de Cap d’Ail et de La Turbie.

Ont notamment été abordés lors de cette réunion : l’Opération d’Intérêt National de la plaine du Var, la situation économique, le projet de funiculaire, le logement des actifs, le développement de partenariat dans le domaine de la recherche biomédicale, la sécurité électrique, les déchets ménagers, la pollution marine, la convention-cadre de partenariat entre la Principauté, la Fondation Prince Albert II de Monaco, le Parc National du Mercantour et le Parco Naturale Alpi Marittimi.

De nombreux sujets où chacun défend ses points de vues et avance ses arguments. Ils ne sont pas toujours concordants. Ainsi, il y a quelques jours à peine, le coup de gueule de Jean-Paul Proust – Nice-Matin titrait même « L’énorme colère de l’Etat monégasque » - à propos de la grève des TER. Le chef du gouvernement princier avait écrit au secrétaire d'Etat français aux Transports Dominique Bussereau et au président de la SNCF, Guillaume Pépy, jugeant « la situation inacceptable » pour les 14 000 salariés qui prennent le train chaque jour pour venir travailler à Monaco. De rappeler en passant que la Principauté avait fait un effort tout particulier pour améliorer cette desserte et investi 50 millions d'€ dans l'achat de 5 nouvelles rames de 450 places chacune.

C’est que Monaco, comme les autres pays, est touché par la crise. Le directeur du tourisme et des congrès, Michel Bouquier, constatait une baisse de fréquentation de 10 %, rien que pour les fêtes de fin d’année. Chute aussi dans l’hôtellerie de luxe après 5 années de croissance ininterrompue… Pas question en tous les cas de baisser les bras. Le responsable du tourisme annonce tout un train de mesures destinées à renverser la tendance. Ainsi le tourisme d’affaires sera recentré sur la santé, l’accueil de tournages, le développement des têtes de ligne de croisière… et sur l’événementiel avec les 100 ans des Ballets russes, le départ du Tour de France, le 25ème Printemps des Arts… puis, un peu plus tard, le 50ème Festival international de télévision, les 10 ans du Grimaldi Forum ou les 100 ans du Musée océanographique.

Premier signal positif, le retour d’un salon, celui de Nokia qui quitte Barcelone. Les instances cannoises qui avaient perdu le 3GSM et prient pour que le MIPIM ne suive pas la même direction, rêvent qu’un tel scénario soit possible…

Mais c’est une autre menace qui pèse sur la Principauté, les projets de Nicolas Sarkozy qui aimerait bien remettre les dossiers à plat. Le chef de l’Etat français veut « poser des questions » à Monaco, au Luxembourg et à l’Andorre. On se doute que certaines tourneront autour du système bancaire, même si, bon prince, il ne classe pas l’Etat monégasque parmi les paradis fiscaux, « il y a des choses que nous devons préciser », ajoute-t-il. Prudence, bien d’autres s’y sont cassés les dents…

En l’an 2000, une commission parlementaire, présidée par Vincent Peillon avait planché sur les obstacles au contrôle et à la répression de la délinquance financière et du blanchiment des capitaux en Europe. Son rapporteur, Arnaud Montebourg, n’avait pas craint de dénoncer des pratiques bancaires qui avaient cours à cette époque et mis en cause par exemple la Banque Rothschild et la banque Gothard sises à Monaco. Les protocoles ont depuis évolué vers plus de transparence. De mauvaises langues disent qu’ils sont simplement devenus plus… « sophistiqués », qu’ils se sont adaptés à de plus grandes contraintes. Les riches et les pauvres n’ont pas les mêmes paradis !