Médias : La Presse des jours difficiles…

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Catégorie Pieds dans le plat

engagée dans ses derniers retranchements, elle en arrive à se brader…

- Quelle est l’entreprise commerciale qui vend le produit qu’elle fabrique moins cher que son prix de revient ?

- Et bien c’est la Presse dont il s’agit. La Presse, qu’elle soit quotidienne, hebdomadaire, mensuelle… et cela depuis bien longtemps.

Le Canard enchaîné semble être une des rares exceptions mais il est vrai que le palmipède continue à imprimer ses feuilles à l’ancienne, sans photos et illustrations en quadrichromie sur papier glacé, réduisant ses frais au maximum, dans un créneau où il n’a guère de concurrence…

Quant à la presse gratuite, rien ne l’arrête dans son développement. Ses journalistes, quelle que soit leur valeur, ne sont là que comme faire-valoir, avec des moyens souvent limités. Ils ne sont pas là pour faire de l’investigation mais de la proximité, une proximité qui ne dérange pas trop les ordres établis… Aujourd’hui, ils opèrent avec un appareil photo numérique, demain, on leur collera une caméra… Les patrons de ces entreprises sont là pour faire des profits, pas du journalisme ou tout simplement pour ne pas laisser le terrain à la concurrence…

Internet est venu bouleverser un peu plus la donne. Tout le monde communique, tout le monde a un blogue, fait des photos, ouvre un site de commentaire et d’information. Le lecteur est invité à être un acteur, à devenir lui-même journaliste, photographe, raconteur d’anecdotes. Plus besoin de « micro trottoir », l’informateur fait office de journaliste, prenant à sa charge la plus grande partie du boulot. Plus besoin de descendre dans la rue, il suffit d’ouvrir ses mails le matin, de suivre l’évolution de la situation sur les moteurs de recherche et d’aller pêcher les informations mises à jour, à la seconde près…

Alors ne soyons pas surpris de voir fleurir – le mécanisme a commencé depuis une bonne décennie - des offres toutes plus alléchantes les unes que les autres. Les magazines et les quotidiens annoncent des réductions sur les abonnements de 10 à 30 % sur le prix au numéro. Et, cerises sur le gâteau, tentent d’appâter le client en lui promettant, s’il répond dans les dix jours, qui une montre, qui un stylo, un sac, un radio-réveil, un agenda… demain, qui sait, un voyage en Corse ou en Polynésie. La liste est longue de ces cadeaux censés faire saliver le lecteur et déclencher chez lui le bon réflexe. C’est un peu triste d’en arriver là ! C’est que le média, quel qu’il soit, doit justifier à ses annonceurs un tirage et un lectorat conséquent. Les entreprises de presse doivent aussi le faire, si elles veulent obtenir ou conserver leur numéro de Commission paritaire, organisme d’état qui leur donne droit à des avantages fiscaux dont celui de ne pas avoir à régler la taxe professionnelle.

Quant au contenu, ne soyons pas naïfs. Lorsque les ressources, on l’a vu plus haut, ne dépendent pas uniquement de la vente à l’exemplaire ou à l’abonnement, c’est qu’elles dépendent de la publicité privée et institutionnelle. Pour y avoir droit, il faut montrer patte blanche et pratiquer une censure qui ne dit pas son nom sinon qu’elle a quatre roues… On verrait mal un annonceur privé ou institutionnel, continuant à diffuser sa pub dans des médias qui le critiqueraient ou qui oublieraient de lui passer la pommade et de le vêtir de toutes les qualités… Il n’est pas besoin d’aller bien loin pour vérifier cette assertion. Les responsables des services de communication des mairies de toutes les grandes et moyennes villes de France, leurs homologues des Conseils généraux, régionaux et des ministères savent de quoi on parle ici. On n’achète pas seulement des espaces et des louanges mais aussi, quant il le faut, du silence…

Sans clore pour autant le sujet, imaginons un Général de Gaulle, à la veille d’un Grenelle des médias et de l’information, déclarer avec emphase : « La Presse outragée, la Presse brisée, la Presse martyrisée mais la Presse libérée… libérée par elle-même, par ses journalistes, par ses rédacteurs en chef, par ses lecteurs ! ». À voir !

*le magazine people Gala fait très fort, promettant pour ses 15 ans de parution, un abonnement spécial anniversaire exceptionnel à 0 €, avec en prime un superbe sac satin dès l’enregistrement du règlement. Car, il n'y aura pas de vrai miracle, il faudra passer par la caisse et payer, quatre mois après avoir reçu son premier numéro, 75 € au lieu de 114,40 €…