Var : espèces en voie de disparition à La Londe les Maures.

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Les montrer pour mieux les protéger...

Nous ne sommes pas des fanatiques des zoos, loin s’en faut, surtout dans leur version archaïque et démodée lorsque nous, les Européens, allions capturer des animaux sauvages en Afrique, à Madagascar, en Asie et ailleurs pour les exposer, dans des espaces exigus, à la curiosité du public. Notre façon aussi de les dompter pour les exhiber dans les cirques, nous semble tout à fait dépasser. Ni l’art ni la tradition ne sont des excuses suffisantes pour excuser ces genres de comportements. Ne parlons même pas de la chasse qui dans nos pays, pratiquée par plaisir et non par nécessité, ne grandit pas l’espèce… humaine.

Notre regard sur le monde animal a changé. Nous sommes de plus en plus nombreux à considérer que nous avons des responsabilités envers ces membres de la communauté du vivant, d’autant que la biodiversité est un placement pour l’avenir, dans le domaine de la médecine et de la pharmacopée par exemple.

Heureusement, beaucoup de parcs zoologiques ont revu leurs fonctions et leurs missions. En plus d’être des lieux de divertissement, ils deviennent aussi des musées où les collections sont des supports pédagogiques importants, mais aussi des centres d’élevage œuvrant pour la survie des espèces rares du monde entier. Ils mènent aussi de concert des programmes de reproduction et d’échange qui permettent de maintenir un bon niveau de diversité génétique.

Ainsi le Conservatoire d’espèces en voie de disparition, à La Londe, dans le département du Var, répond à un certains nombres de critères à prendre en considération. Implanté sur un ancien arboretum d’Eucalyptus, le « Jardin d’Oiseaux Tropicaux » a été créé par un ornithologue passionné et ouvert au public en 1989. Pas moins de 80 espèces (perroquets, touracos, kookaburas, calaos, hoccos…) pour 350 individus sont élevés et se reproduisent chaque année. Le climat du sud de la France convenant parfaitement pour acclimater les oiseaux originaires des régions chaudes.

Sa collection de calaos qui compte quatre-vingts oiseaux appartenant à quatorze espèces différentes, en fait un lieu particulier. Ces oiseaux originaires des régions tropicales d’Asie et d’Afrique portent de larges becs surmontés de cimiers ou casques de formes et de couleurs variées dont les fonctions ne sont pas clairement expliquées.

Leurs mœurs sont également un sujet d’étonnement et de réflexion. Uni pour la vie, le couple de calaos trouve dans un grand arbre la loge dans laquelle la niché sera élevée. La femelle s’emmure dans cette cavité ne laissant comme ouverture qu’une fente par laquelle le mâle viendra la nourrir… pendant plusieurs mois. La femelle brisera ensuite ce mortier de boue qui la protège des prédateurs et se libérera ainsi que ses oisillons.

Ces oiseaux sont malheureusement en raréfaction dans leur habitat naturel. Depuis des décennies les forêts tropicales sont victimes d’un déboisement anarchique et forcené et ce processus n’est pas prêt de s’inverser. Leur survie passe donc par la reproduction en captivité. À La Londe, chaque année, les Calaos de Papouasie donnent naissances à un ou deux jeunes par couple. Avec 5 paires de reproducteurs élevés, l’avenir de l’espèce en captivité semble assuré.

Le Jardin d’Oiseaux Tropicaux collabore avec de nombreux parcs zoologiques et, depuis l’été 2009, avec l’AEECL. Cette association européenne se consacre à l’élevage de plusieurs espèces de lémuriens qui sont, eux aussi, en danger d’extinction dans leur pays d’origine : Madagascar. Trois espèces sont arrivées à La Londe : le maki catta, rendu récemment célèbre par Walt-Disney, le lémur à ventre rouge habitant les forêts d’altitude et le microcèbe l’une des plus petites espèces de primates connues puisque les adultes ne dépassent pas 100 grammes.

- Maki -

Ainsi le Jardin d’Oiseaux Tropicaux compte rassembler dans un futur proche un grand nombre d’espèces de lémuriens mais aussi d’autres primates comme les saïmiris ou les capucins, habitants les forêts tropicales d’Amérique Latine. Tout en gardant la même politique de centre d’élevage et de présentation aux visiteurs.