Marie Antoinette : Couronne mortuaire ou royale ?

L’exposition du grand Palais ferme bientôt ses portes.

Catégorie Les paradoxales

Alors que le 20 juin 1789, certains prêtaient Serment au Jeu de Paume, d’autres, quasiment deux ans plus tard, prirent vainement le chemin de Varennes. Un double anniversaire qui fête celui de la liberté républicaine et… d’une chute royale.

Marie Antoinette était dans l’histoire comme elle était du voyage. Si l’histoire la prit pour la femme affamée de « brioche », l’exposition du Grand Palais tente de réhabiliter, en quelques tableaux chronologiques, une créature trop froide, restée fidèle à son pays natal. On la qualifierait aujourd’hui de snob !

Une vie prédéterminée la fit passer à quinze ans de la Cour chaleureuse et familiale de Vienne à celle de Versailles, pompeuse, engluée par les contraintes de l’Etiquette. La Reine s’y sentit exilée et peina à y trouver sa place. Les portraits immortalisés par Vigée le Brun et Boizot, représentaient-ils vraiment l’image qu’elle voulait donner à sa famille ?

Cette difficulté existentielle la conduisit à devenir un généreux mécène envers des artistes français avant-gardistes, tout en développant sa passion pour les arts asiatiques, passion léguée par sa mère. Ces goûts et les dépenses qu’ils entraînaient, contribuèrent à affaiblir la situation économique du pays. Ces folies jugées excessives – si à la Cour, ce mot avait un sens – forgèrent la réputation de « l’autrichienne » dans cette France prérévolutionnaire.

La Reine se réfugiait dans ses nouveaux « gîtes » : une demeure aux allures paysannes où elle recevait ses amis viveurs… Au Petit Trianon elle pouvait échapper à l’épuisante Etiquette et vivre à sa guise, se pavanant dans des tenues raffinées.

La mort de son mari annonça la sienne. Elle perdait la tête mais pas l’esprit, en témoigne son cri déchirant d’épouse dans ses dernières missives adressées à son amant, le comte Axel Von Fersen.

Une exposition luxueuse et émouvante, en phase sur de nombreux points, avec le film de Sofia Coppola, Marie Antoinette. Cette reine aimait décidément le luxe et une certaine forme de contestation, vraie figure de proue d’une jeunesse non-conformisme mais qui n’avait peut-être pas vu venir à temps la Révolution…

  • le Grand Palais – exposition Marie Antoinette – jusqu’au 30 juin –



Solène Lanza

- mention : www.pariscotedazur.fr – juin 2008 -
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