Genève : scandale aux Nations Unies,

l’organisation chargée de contrôler les brevets pour le monde entier, soupçonnée du pire…

Catégorie Pieds dans le plat

Si l’on vous dit, pots-de-vin, harcèlement, fausses factures, CV trafiqués, dénonciations, intervention de la police et recherche d’ADN sur des enveloppes de lettres anonymes, à quoi pensez-vous ?

À Clear Stream, au grand banditisme ou à la mafia ? Sûrement pas à une organisation dépendante de l'ONU… Et pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraître, il s'agit ici du quotidien de l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle, l’OMPI, qui gère les brevets pour le monde entier et dont le siège est à Genève, une organisation éminemment respectable et supposée intègre…

- Kamil Idris -


- Francis Gurry : il a enseigné le droit à l’université de Melbourne avant d’entrer à l’OMPI en 1985. Il est membre de l’équipe de la haute direction depuis 1997 -

Jusqu’à récemment directeur, le soudanais Kamil Idris, de l’OMPI a vu sa gestion fortement contestée par les pays industrialisés. Les Etats-Unis et la Suisse ont demandé et obtenu sa tête, à une voix près… Plusieurs rapports d’audit avaient révélé de sérieux dysfonctionnements au sein de cette organisation internationale forte des représentants de 184 Etats et gérant un budget annuel de 600 millions de dollars. En janvier 2008, il est enfin remplacé par l’australien Francis Gurry. Depuis, les coups bas se multiplient et les pays du sud ont apporté un soutien sans conditions à Kamil Idris.

Cette situation caricaturale n’est malheureusement pas limitée à l’OMPI. De nombreuses organisations des Nations Unies sont aussi affectées, à des degrés divers, par des incidents similaires. À l’intérieur du système, c’est un secret de polichinelle. Tout le monde est au courant, complice par impuissance, par omission ou par intérêt…

Il existe des cas similaires dans d’autres secteurs des Nations Unies. Personne n’en parle, c’est un sujet qui dérange. Les principaux pays contributeurs fournissant l’essentiel des budgets n’osent que très rarement exprimer leur désaccord. Ils sont minoritaires et pour des raisons politiques évidentes, ils préfèrent avaler les couleuvres plutôt que de risquer d’être accusés de xénophobie ou de discrimination…

À ce rythme là, ce n’est pas demain la veille que les choses vont changer. Le « machin », comme l’appelait De Gaulle, et tous ses avatars, continuera encore longtemps à être inefficace et à dilapider les sommes colossales collectées – de plus en plus difficilement – et qui pourraient être mieux utilisées…

  • de notre correspondant à Genève, Michel Emile -
- mention : www.pariscotedazur.fr – juin 2008 –
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