Guitry : De père en paire...

Fête des pères sur les planches.

Catégorie Les Arts au soleil

« Mon père avait raison », phrase que tout père rêve d’entendre surtout pendant la crise d’ado de son enfant chéri ! C’est Sacha Guitry qui l’a prononcée en 1919 à propos de son auguste père, le grand Lucien Guitry. Cette réplique donnant son nom à la pièce éponyme ne pourrait manifester qu’un admirable remerciement à la tendresse paternelle si la vie des 2 artistes ne s’en était pas mêlée.

En effet, c’est en 1918 que l’auteur dramatique et le comédien se séparent, suite à une mésentente qu’ils attribuent à une faute de travail mais beaucoup savent que c’est une femme qui scella 13 ans de silence. Le père décida enfin d’enterrer la hache de guerre en rencontrant son fils et sa nouvelle compagne : la complicité familiale s’établit de nouveau, le trio triompha sur scène ; mon père avait décidément raison !

Après la mort de son père, Sacha Guitry reprit tant bien que mal la pièce en tenant cette fois le rôle de son père et laissant à Paul Bernard celui qu’il tenait jadis. Le texte marchait encore mais le cœur n’y était plus.

Combien d’acteurs et de représentations fallut-il avant de retrouver le feu familial ?

C’est 99 ans plus tard que le metteur en scène, Bernard Murat, réussit l’impensable en ressuscitant le lien sacré au sein d’une autre dynastie. Et qui mieux que la dynastie Brasseur peut remplacer la famille Guitry ? Claude, acteur émérite, reprend le rôle de Lucien Guitry et c’est Alexandre, interprète plus novice, qui marche dans les pas du fils.

Cependant, dès la première scène, le public est saisi : s’agit-il de Claude, affublé d’une barbe ou de Pierre, son propre père, qui tient le rôle de Adolphe Bellanger ? Il est vrai que l’histoire est un brin déroutante puisqu’elle se déroule sur plusieurs générations, vieillissant les acteurs en quelques minutes.

Claude devient Alexandre plus âgé et Alexandre campe le rôle de l’enfant devenu adulte : dure tâche que d’entrer dans la peau de son père ! Alexandre en est même un peu troublé car, en plus du texte, le metteur en scène, connaissant leur forte complicité et admiration, a accentué la tendresse du duo.

Pour glorifier, ce jour, tous les pères du monde reprendront en chœur la dernière tirade de cette pièce, visible jusqu’au 28 juin au théâtre Edouard VII, à Paris : « Car j’ai été comme toi et tu seras comme moi, mon père avait raison. Un jour, tu me rejoindras comme depuis quelques temps je rejoins mon père ».

Solène Lanza

- mention : www.pariscotedazur.fr – juin 2008 -
- écrire au magazine, se désabonner -