Le Festival à l’ouverture : en vedette Sean Penn,

Claude Lanzmann… et le Cinéma.

Sérieux et émotion en ouverture du 61ème Festival de Cannes. Edouard Baer a été un « passeur » parfait, avec un brin de légèreté, juste ce qu’il faut pour mettre en valeur l’intervention de Sean Penn.

Sean Penn, un président de jury avec une forte personnalité, un acteur, scénariste et réalisateur, engagé sur un cinéma de qualité, exigeant, celui qui fait rêver mais surtout réfléchir. Avec lui les choses seront claires, les limites bien tracées, les droits de l’homme et du citoyen seront en toile de fond. Il va imposer la rigueur aux autres membres du jury et ne cédera pas sans lutte aux pressions de l’extérieur… Quant à sa sensibilité à fleur de peau, celle qui lui permet d’exprimer la violence des sentiments au cinéma et dans la vraie vie, elle fut très visible lors de l’interprétation de « Freedom » par le rescapé de Woodstock, Richie Havens.

Autre moment fort, le discours mûrement préparé, d’un homme de 82 ans : Claude Lanzmann. Hommage appuyé au talent de Quentin Tarantino et au passage des générations. Lanzmann, géant debout, lisant dans sa tête, seul face à un public largement anglophone qui ne dut sans doute pas tout comprendre mais décoder l’essentiel. On veut bien le croire venant de ces artistes, familiers avec le langage du corps et le non dit. Lanzmann, l’émotion, le recul… la sagesse.

Appréciée, la sobriété de la présentation avec des extraits des œuvres sélectionnées et un medley des films où Sean Penn apparaît, le fut assurément. Une fois la manifestation déclarée ouverte, les membres du jury se prêtèrent à une énième séance de photos, ce ne sera pas la dernière, et gagnèrent bien disciplinés leurs sièges du premier rang.

- propagandistes de Blindness, Mischa Bartonn et Cate Blanchett, 
sur les marches du Palais, en bijoux Chopard -

Les yeux grands ouverts pour le premier rendez-vous proprement cinématographique, il revint au film du Brésilien Fernando Meirelles : Blindness… de lancer la compétition. Au travers de cette épidémie qui paralyse les habitants d’une mégalopole lambda et les prive de la vue, c’est bien de l’aveuglement qui nous touche individuellement et collectivement dont il est question ici. Nous ne voulons pas voir, même si nous savons… accaparés par l’instant, par l’urgence, la survie, par l’égoïsme de nos petites destinées.

La soirée, on le savait, ne se terminerait pas au Palais. Toutes ses vedettes, tous ces professionnels du cinéma n’allaient pas rentrer se coucher aussi sagement, les images encore dansantes devant les yeux, ruminant le message, le confrontant à leurs propres démons… ses propres incertitudes, ses propres incohérences.

Comme de bien entendu, le ventre criant famine, les uns se retrouvèrent, en fonction d’un stricte protocole, au dîner d’ouverture au Carlton, champagne et caviar à la clef, à al droite ou à la gauche de Gilles Jacob et de Thierry Frémaux. Les autres s’égaillèrent dans les autres restaurants étoilés des palaces azuréens, champagne et saumon fumé… Plus tardivement, les plus courageux se mélangèrent dans des night-clubs à la mode, la plupart parachutés de Paris ou de Saint Tropez… Que viennent donc la nuit et le petit matin !

Alain Dartigues

- mention : www.pariscotedazur.fr – mai 2008 -
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