Cannes 1936 : « Illustration » d’une époque,

la belle époque des Petits Lys Blancs au Palm Beach…

Les Jeux Olympiques de Berlin annoncent pour un temps la suprématie blanche et confirment l’avènement du IIIème Reich. Le Front populaire vient de décréter les congés payés, les travailleurs français enfourchent leurs vélos, envahissant les plages de la Normandie tandis que les plus courageux et les plus aisés se dirigent vers le Sud… En Espagne, c’est le début d’une guerre fratricide.

L’ASC, section football, est l’un des meilleurs clubs de première division. Aimé Maeght et Marguerite ouvrent ouvre une galerie de peintures. Jean-Gabriel Domergue pend la crémaillère de sa villa dans le quartier huppé de la Californie… tandis qu’Henri Pourtalet, notre représentant cannois, siège à l’Assemblée nationale. Il est… communiste.

Par l’arrêté du 4 août : « La butte de Saint Cassien, avec ses arbres centenaires, la chapelle et l’ancien ermitage est classée parmi les sites et monuments naturels de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque ». La route du bord de mer qui relie Nice, Antibes et Cannes se termine. La population monte jusqu’à 50 000 habitants et le « maisons de tolérances » font floresses…

Le Palm Beach casino vit son âge d’or. L’Aga Khan, descendu de sa Villa Yakimour au Cannet, a présidé le gala d’ouverture de la nouvelle saison. Jusqu’alors organisé à Paris, le Bal des Petits Lits Blancs qui réunissait, une fois l’an, les personnalités les plus en vue, a lieu pour la première fois au casino le 18 août. Un franc succès, les convives se serrent autour de la piscine olympique, regardent les plongeons et badent devant les mannequins tout en sablant le champagne. Jean… Sablon est sur la scène. Il tombe amoureux de la ville. Il s’y installera définitivement en 1967 et devait y mourir 27 ans plus tard.

  • article publié dans "L'Illustration", texte de la légende, photos Scall : « Ce fut à Cannes dans une nuit magique, l’une de ces nuits d’étoiles et de mer bleue de la côte au collier de lumières, l’admirable réussite de la fête des Petits Lits Blancs. Le Palm Beach avait prêté son décor prestigieux au dîner de gala, aux attractions, au bal. Comme les toilettes claires étaient de rigueur, toutes les élégantes semblaient phosphorescentes. Un plancher empiétant sur la grande piscine du Palm Beach prolongeait la salle du souper sur l’eau et, sur l’autre bord, la scène prenait l’aspect d’un balcon dominant un lac. À 3 mètres au dessus des dîneurs, les premiers de nos plongeurs revenus des Jeux Olympiques, lancèrent en des arcs et des doubles sauts leurs silhouettes nerveuses. Il y eut des pantomimes nautiques, des danses acrobatiques et, dans tout un programme où l’on vit reparaître Mayol, de grands artistes de toutes les nations participèrent à la plus touchante des œuvres généreuses ».