Paris : Henri Edmond Cross (1856-1910), le mal-connu,

Ses aquarelles sont sur les murs de la Galerie de la Présidence.


- Rochers rouges aux Trayas, circa 1903 -

Depuis le 10 octobre dernier, une soixantaine d’aquarelles sont installée aux cimaises de la Galerie de la Présidence, tenue par Françoise et Florence Chibret-Plaussu. Elles y resteront jusqu’au 20 décembre. Profitons-en car Henri Edmond Cross est rare, méconnu, sous-estimé.

Disparu trop tôt, son œuvre n’a pas pu rivaliser avec la production de Georges Seurat et de Paul Signac. Pourtant, c’est avec eux qu’il fonda le Salon des indépendants, en 1884. Amoureux de la nature et des couleurs, il est certainement de ceux qui ont directement influencé Henri Matisse. C’est d’ailleurs au cours de l’été 1904 qu’il le rencontre à St-Tropez, chez Signac. Cross lui prodigue alors ses conseils, l’invite à travailler ses aquarelles « libres de tout dessin » et l’incite à s’ouvrir en « poussant vers la couleur », suggestion qui n’allait pas tomber… dans les yeux d’un aveugle… et le conduire au fauvisme.

Divisionniste parmi les néo-impressionnistes, il impose son pointillisme et l’illustre par des paysages méditerranéens. Ses aquarelles ont font la lumineuse démonstration, décomposant à loisir les couleurs, éclairant les décors choisis par l’artiste.

« Des collines de pins et de chênes-lièges viennent mourir doucement dans la mer et s’offrent en passant une plage de sable d’une finesse ignorée au bord de la Manche », confie-t-il à son ami Seurat. Il notera plus tard sur son carnet : « Etre soleil ; faire danser les couleurs ». On ne saurait mieux dire, face à son travail, face à ses huiles telle les « Iles d’or » qui figure parmi les pièces maîtresses de l’expressionnisme.

Henri-Edmond Cross s’est mis en situation et installé avec sa femme au Lavandou, dans le Var, pour capter les scintillements de la mer et la réverbération du soleil. Il s’est même fait construire, sur la plage de Saint-Clair, un cabanon pour y remiser ses pinceaux et son matériel. C’est là qu’il peint le dimanche, en toute tranquillité et qu’il reçoit la visite de son voisin Théo Van Rysselberghe, mais aussi les Manguin ou les Signac.

Il nous a laissé des traces de ses inestimables tentatives d’interpréter les pulsations de la lumières et sa décomposition, point par point, sur les objets et les choses… pour notre plus grand plaisir esthétique.


- rochers rouges dans l'Estérel, près du Trayas -