Santé : Mélanine ou Mélamine ?

Catégorie C'est notre santé

Une confusion qui, dans notre café crème du matin, risque de nous être fatale !

L’actualité nous apprend que les produits d’importation chinois ne répondent pas à nos critères de sécurité sanitaire. Ainsi les autorités françaises ont annoncé vendredi le retrait des bonbons de la marque White Rabbit et des biscuits de la marque Koala dont la teneur en mélamine s'est avérée supérieure au seuil d'alerte fixé par la Commission européenne (2,5 mg/kg). Mélamine, oui, nous avions bien lu mais buttons sur ce mot. Il ressemble à un autre, employé assez couramment mais dans un autre contexte. Un n ou un m qui font toute la différence. L’occasion de faire au passage un peu d’étymologie.

Protée était une divinité marine de second plan dans la mythologie grecque. Fils d’Océanos et de Tethys, il avait pour mission de garder les troupeaux de phoques de Poséidon (Neptune chez les Romains). Capable de prédire l’avenir, mais uniquement sous la contrainte, il se métamorphosait selon son humeur, en lion, dragon, panthère, eau, feu, arbre… pour échapper à ce funeste destin.

Lorsqu’il s’est agi de qualifier des composés macromoléculaires azotés présents dans les êtres vivants sous forme de mélanges complexes dont l’analyse et la synthèse ne répondent à aucune méthode classique, on les appela protéines en hommage au dieu.

Parmi toutes ces protéines, on trouve cette mélanine : improprement citée par certains médias comme additif de frelatage du lait et de ses dérivés d’origine chinoise. Il s’agit d’une protéine synthétisée par la peau, formée à partir de deux acides aminés (tyrosine et cystéine) catalysée par une enzyme : la tyrosinase. Elle permet à la peau de se protéger contre le rayonnement UV et détermine sa couleur (bronzage) ainsi que celle des cheveux, poils et yeux.

La mélamine, elle, aurait un petit air de protéine, sauf qu’il ne s’agit pas d’une macromolécule. Elle est obtenue par synthèse chimique à partir de la cyanamide calcique (jadis engrais chimique…). C’est en traitant l’acide cyanhydrique par le chlore, ensuite par l’ammoniaque et le calcium, qu’est produite cette cyanamide.

La mélamine est utilisée dans la fabrication d’agents tensioactifs et de matières plastiques. Riche en azote, elle a été incorporée à du lait afin de faire croire, lors de l’analyse, à une teneur plus élevée en protéines (caséine) que la réalité, cette dernière étant devenue la matière noble du lait.

Connaissant son origine et les méthodes de fabrication pour l’obtenir, on ne peut que frémir en imaginant les dégâts que peut occasionner cette molécule dans le métabolisme d’un nourrisson, qu’il soit « made in China » ou « made in France ».

Reste à trouver un moyen mnémotechnique pour ne pas prendre l’un pour l’autre…

Phileas